Chrystel Wautier, Before A Song

Chrystel Wautier, Before A Song

Chrystel Wautier, Before A Song

(Bonsaï Harmonia Mundi)

Fille de pasteur, Chrystel Wautier a d’abord été initiée au gospel avant d’étudier le solfège et le piano. En 2000, elle entre au Conservatoire de Bruxelles pour y étudier le chant avec Anca Parghel, la vocaliste roumaine qui a enregistré plusieurs albums avec Jean-Louis Rassinfosse et le pianiste allemand Klaus Ignatzek. En 2005, elle forme un trio avec Quentin Liégeois à la guitare et Sam Gerstmans à la contrebasse et enregistre, deux ans plus tard, son premier album personnel “Between Us”, consacré essentiellement à de grands standards, avec Jean-Paul Estiévenart (trompette) et Guy Cabay (vibraphone) en invités. Après avoir participé à l’album “Radoni’s Tribe”, hommage rendu au regretté Paolo Radoni, en compagnie de Paolo Loveri (guitare), Charles Loos (piano), Ben Sluijs (saxophone alto) et Gino Latucca (trompette), elle enregistre, en 2010, un deuxième disque personnel, “Peace Of Time”, toujours avec Quentin Liégeois à la guitare mais, cette fois, Boris Schmidt à la contrebasse et Ben Sluijs (saxophone alto et flûte) en invité. A l’exception de deux compositions originales, le répertoire est, de nouveau, consacré à de grands classiques et deux thèmes de Joao Gilberto. Avec ce “Before A Song”, Chrystel Wautier amorce un véritable virage : plus de standards mais une série de compositions originales qui illustrent un ancrage plus volontiers “pop/jazz”, mais toujours avec la même voix fluide et limpide. Une démarche qui a séduit André Manoukian, mais aussi le producteur français Pierre Darmon du label Bonsaï (sur lequel vient de sortir “The Wisthleblowers” de David Linx, Paolo Fresu et Diederik Wissels). Le premier a déclaré à propos de notre compatriote : “On a l’impression qu’elle nous chante dans l’oreille, son phrasé est limpide, elle joue la retenue”. Quant au second, il présente Chrystel Wautier comme “la nouvelle voix céleste du jazz vocal”. Ici, plus de souffleurs mais une rythmique très étoffée et plus volontiers électrique. Au piano, au Fender Rhodes et à la contrebasse sur un thème, Cédric Raymond que l’on a entendu dans le quintet hard bop de Manu Hermia et le quartet de Greg Houben et Fabian Fiorini. A la guitare, Lorenzo Di Maio, membre des quintets de Sal La Rocca et Fabrice Alleman. A la contrebasse, Jacques Pili qui a fait partie du groupe Quatre avec Nicolas Kummert (saxophone ténor) mais est surtout connu pour sa participation aux albums de Maurane, Michel Fugain ou Lara Fabian. A la batterie, Jérôme Klein, élève de Stéphane Galland et Bruno Casdtelluci au Conservatoire de Bruxelles. Enfin, deux invités Micel Seba aux percussions sur six morceaux et Raf Debacker à l’orgue Hammond sur Eternal Life. Au répertoire, à l’exception de Milagre de Dorival Caymmi et Hard Time Lillin’ Floor Blues de Skip James, rien que des compositions originales : trois de Chrystel Wautier (paroles et musique), quatre cosignées avec Cédric Raymond, une avec Lorenzo Di Maio, ainsi que des lyrics posés sur Continuum de Jaco Pastorius. Que ce soit sur des mélodies au tempo soutenu (Before A Song ou Family Tree avec Fender Rhodes et guitare électrique ou Eternal Life avec orgue Hammond), des ballades avec piano (B Town, You Make Me Feel So Good), des atmosphères bluesy (Hard Time Killin’Floor Blues, Continuum) ou un petit détour vers des rythmes brésiliens avec guitare acoustique et percussions (Milagre chanté en portugais), la voix limpide et ondoyante de Chrystel Wautier s’accommode de tous les changements de rythme.

Claude Loxhay