Jeff Beck

Jeff Beck

Jeff Beck © Mandy Hall ‐ originally posted to Flickr as Jeff Beck, CC BY 2.0 (https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5979601)

Jeff Beck
24 juin 1944 ‐ 10 janvier 2023

Jeff Beck, un des géants de la guitare électrique moderne, vainqueur à 8 reprises d’un Grammy Award, nous a quittés ce 10 janvier des suites d’une méningite. Retraçons ci-dessous les grandes lignes de l’exceptionnelle carrière de ce guitariste novateur, et plus particulièrement les années 1965-1975.

En 1965, Jeff Beck intégrait les Yardbirds (un des groupes majeurs de blues-rock de l’époque) pour remplacer Eric Clapton, débauché par John Mayall. Peu de temps plus tard, il fut rejoint dans ce groupe par un autre guitariste de légende, Jimmy Page qui sera à l’origine en 1968 de la création de Led Zeppelin. Donc, en une année, trois des plus grands guitaristes de rock, voire les trois plus grands, sont passés par les Yardbirds. De Jeff Beck et des Yardbirds, on se souviendra de cette séquence du film « Blow-up » (Palme d’Or à Cannes en 1967) de Michelangelo Antonioni : pendant un concert, Jeff Beck cassait une guitare (à la mode à l’époque…) et jetait le manche dans le public.

En 1967, après les Yardbirds, Jeff Beck créa le Jeff Beck Group qui, avec le Cream d’Eric Clapton, jeta les bases de ce qui deviendra bientôt le hard-rock. Entouré de jeunes musiciens qui seront bientôt des superstars (Rod Stewart au chant, le guitariste-bassiste Ron Wood qui allait fonder bientôt les Faces avec Rod Stewart, avant de rejoindre les Rolling Stones, dont il fait toujours partie aujourd’hui, le pianiste Nicky Hopkins), le Jeff Beck Group était sur le point de devenir un groupe énorme (il devait notamment se produire au festival de Woodstock), mais des dissensions internes et un grave accident de voiture de Beck furent à l’origine de sa fin. Beck sortit deux autres albums, toujours sous le nom de Jeff Beck Group, avec d’autres musiciens, mais d’une qualité moindre aux deux premiers albums. Le chapitre Jeff Beck Group fut définitivement clos en 1972.

Jeff Beck rebondit directement en 1973 en réactivant un vieux projet : s’associer à la section rythmique de Vanilla Fudge et Cactus, soit Carmine Appice (batterie et chant) et Tim Bogert (basse). Beck, Bogert & Appice voyait le jour. Comme souvent dans ce genre de groupe (égos démesurés de stars), l’aventure ne dura qu’une bonne année, le temps de sortir un album studio et un live.

1975 marqua un tournant dans la carrière de Jeff Beck : sous le charme du Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin, il décida de s’orienter vers une musique principalement instrumentale et un jazz-rock où sa maîtrise technique et son association avec d’autres musiciens virtuoses (Jan Hammer, Narada Michael Walden, Terry Bozzio, Tony Hymas, …) firent sensation. On retiendra de cette époque les albums « Blow by Blow » (1975) et « Wired » (1976). Sur ce dernier album figure une reprise exceptionnelle de « Goodbye Pork Pie Hat » de Charles Mingus, version que Mingus adorait particulièrement.

Jeff Beck resta toujours actif privilégiant une musique instrumentale, flirtant parfois avec d’autres genres musicaux (l’electronica, la soul, voire l’opéra – sa version de « Nessun dorma » de Puccini, que l’on trouve sur l’album « Emotion & Commotion » est absolument à découvrir).

Encore en 2022, Jeff Beck donna de nombreux concerts en Europe avec son nouveau « pote », l’acteur Johnny Depp, avec lequel il sortit, il y a quelques mois, un dernier album, « 18 ».

Discographie sélective

Truth (1968)
Beck-Ola (1969)
Beck, Bogert & Appice (1973)
Blow by Blow (1975)
Wired (1976)
Live at Ronnie Scott’s (2008)

Sergio Liberati