Abdoulaye Nderguet et le Bex’Tet : L’Ame du Blues
Go Musick / L’autre distribution
C’est le serpent qui se mord la queue, un prodigieux retour aux sources puisque ce sont les griots et les musiciens de l’Afrique de l’Ouest qui, emmenés en esclavage au Nouveau Monde entre le début du 17è siècle et 1865, sont à la base des musiques africaines-américaines, du blues au jazz, voire aux chorales religieuses. Au Nigéria, Fela Kuti et ses disciples ont joué ce rôle dans le cas du jazz, et c’est Ali Farka Touré, de Tombouctou au Mali, qui s’est réapproprié le blues de John Lee Hooker à sa manière (1), puis qui l’a transmis à un nombre important de musiciens africains, à commencer par son fils Vieux Farka Touré (vieux ? Né en 1981, Il a 41 ans !) et au chanteur Tchadien Abdoulaye Nderguet, entre autres. Avec Emmanuel Bex (orgue, piano) et ses musiciens du Bex’tet, Nderguet alterne les morceaux traditionnels influencés tantôt par le jazz, tantôt par le blues ou par le rock, chantés en arabe tchadien ou en français (5 faces sur 14) avec un beat typiquement africain. C’est une langue de notes et d’incantations partagée avec quelques invités et le tout donne corps à un dialogue constructif qui ravira tous les amateurs de musique africaine, de jazz, de rock et de blues.
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(1) J’ai eu le privilège de rencontrer Ali Farka Touré en concert à Chicago, au club Fitzgerald’s, au début des années 2000 et, noyé dans un océan anglophone, il m’a accueilli à bras ouverts car il pouvait enfin reparler en français avec quelqu’un ne faisant pas partie du très petit cercle de proches qui l’avait accompagné. Un concert remarquable et de longs dialogues, avant et après le concert, puis pendant un repas pris en commun, m’ont laissé un souvenir inoubliable. Il m’avait fait promettre d’aller le voir chez lui près de Tombouctou mais son décès en 2006 a torpillé ce projet.