Aksak Maboul : Redrawn Figures 1 & 2
En juin 2020, nos poéticos avant-gardistes bruxellois publiaient un superbe double album nommé « Figures ». Cette parution unanimement célébrée à l’époque se voit désormais revisitée par une quinzaine d’artistes. Qui ne se sont pas limités à une exploration musicale puisqu’ils nous proposent aussi une nouvelle version de la peinture de la pochette originale, créée par la chanteuse Véronique Vincent. Anecdotique certes, mais une démarche ô combien inédite. Je ne connais aucun autre acte graphique comparable dans le monde musical. Voilà pour le visuel mais que penser de l’auditif ? Que penser des travaux / expériences de ces artistes qui ont simplement osé des remixes (comme Shungu sur « C’est Charles ») quand d’autres ont carrément retravaillé, réenregistré un titre ? Que c’est une conclusion toute différente qui s’impose. Il y a de l’expérimentation sonore, des essais perturbants, du bidouillage. Des réalisations électro lounge, jazzy, vocodeur, jungle… Il y a des titres moins évidents, déroutants, plus difficiles d’accès que sur la version originale. Je pense notamment aux collages de Carl Stone sur « Hotel Suites ». Mais il y a des relectures absolument parfaites. Les Allemands de The Notwist proposent une étonnante et magnifique version de « Tout a une fin » en la diffusant plus pop avec parties de violon, clarinette, basson ou flûte. Restons chez les Allemands avec le passionnant Felix Kubin et son ravissant remix version pop électronique eighties de « Retour chez A. ». Mention aussi à Stubbleman et son joyeux rendu ultra dansant de « Fin » (« Tout a une fin »). Quel écart entre cette version et celle de The Notwist ! Le tout se clôt avec un superbe « Anatomy of a Dramuscule » sur lequel le Chilien Matias Aguayo donne la réplique à Véronique et balance des rythmiques irrésistibles, les entrecoupant de bidouillages efficaces. Grand moment. Quant aux Aksak Maboul, ils proposent eux-mêmes des nouvelles versions de quatre de leurs titres, dont un efficace et dansant « Tous ko » plaçant un melodica en évidence, tout en incluant des éléments de « Chez les aborigènes » paru en 1982. Un des autres sommets de cet album qui ne fait, en aucun cas, double emploi avec celui paru en 2020. On pourrait même parler de continuité dans l’œuvre du groupe mais avec des singularités. Si vous êtes coutumier de la musique d’Aksak Maboul vous pouvez investir sans risque. Même mieux, osez les deux vinyles séparés, en version limitée !