Anja Lechner & François Couturier : Lontano
« Lontano » succède à « Moderato Cantabile », un premier album du duo franco-allemand publié six ans plus tôt. En duo, on le précise. Car de mémoire, nous citerons un « Nostalghia – Song For Tarkovsky » enregistré plus lointainement encore (2006), à une époque où le pianiste français n’avait pas encore donné le nom de « Tarkovsky Quartet » au quatuor qu’il dirigeait. La première réflexion qui nous vient à l’esprit – avant même d’avoir écouté la première (et magnifique note) de « Lontano » – concerne formellement les références. Pourquoi Manfred Eicher n’a-t-il pas versé ce disque-ci (comme le précédent d’ailleurs) dans le catalogue New Series ? La réponse nous est fournie (en partie) dans les liner notes par François Couturier : « Notre album s’articule autour de pièces entièrement improvisées. Certaines peuvent sembler écrites tant notre complicité s’est développée avec le temps ». Pas question de vous parler d’un jazz de chambre non plus. Ces sonatines pour violoncelle et piano s’inspirent librement et largement de musiques qui font plus ou moins partie de notre conscient, de leur conscient… Des airs de Bach (non cité) ou des adaptations d’œuvres choisies (Anouar Brahem auquel on pense souvent, Kancheli, Dutilleux). Avec, presque systématiquement, des reflets mélancoliques qui brillent en surface. « Lontano » est une œuvre dédiée à la beauté, à la virtuosité. La rencontre d’un piano cristallin et d’un violoncelle subtilement grave.
Yves «JB» Tassin