Belmondo & Cie : Dead Jazz
Faut-il rappeler les voies empruntées par les frères Belmondo ces dernières années ? De Milton Nascimento, Yusef Lateef, Stevie Wonder, les impressionnistes français, à John Coltrane et on en passe. Chacun de ces disques était un moment d’une grande originalité et une approche du jazz qui a privilégié le respect de la tradition. La sincérité et l’énergie mises dans tous ces projets nous ont soufflés. Alors « Dead Jazz » est dans cette même veine trempée à la fois dans la tradition – pour la musique du « Grateful Dead » (puisque c’est de cela qu’il s’agit) ils nous proposent un sextet de jazz pur et dur composé d’habitués de leurs multiples propositions – et dans l’histoire du rock. Dans le line-up, pas de guitare, mais deux claviers, ou plutôt un florilège de claviers aux sonorités électriques : l’intro de « ChinaCat Sunflower » vous met tout de suite dans le bain : Fender Rhodes et Farfisa aux sonorités rauques et bouillantes, ça démarre fort, Stéphane Belmondo se branchant sur une pédale wah-wah ! Eric Legnini et Laurent Fickelson sont d’ailleurs les deux éléments centraux de cet album, apportant ce son à la fois crade et vieillot, mais bien dans l’esprit de Garcia et sa bande, les claviers se posant clairement comme les doublures des guitares du « Grateful Dead ». Pièce centrale de l’album, « Blues for Allah » avec ses plus de treize minutes, reprend le côté « expérimental » de la version d’origine en s’étendant à la fois sur des couleurs orientales – le bansuri de Lionel Belmondo –, sur un groove illuminé et une rythmique marching band en fin de morceau. Il faut aussi souligner la puissante base rythmique propulsée par Thomas Bramerie et Dré Pallemaerts qui se portent en condensateurs de la voix acoustique du projet. Non, jazz is not dead, and « Dead Jazz » is alive. (à apprécier : le choix de la couverture, œuvre du duo Francesco Rugi et Silvia Quintanilla sous le nom de Carnovsky)