Bert Joris : Jazz Master Tracks Vol. 3 – Octet Sessions

Bert Joris : Jazz Master Tracks Vol. 3 – Octet Sessions

Jazz Master Tracks / Tondo / N.E.W.S.

Jazz Master Tracks n’est pas un label comme les autres. Il a en plus une mission éducationnelle en proposant une application informatique dans laquelle l’album devient un outil interactif destiné à l’étude et à la pratique musicale. Les enregistrements, réalisés par des musiciens professionnels à partir d’un répertoire de standards, sont captés live en studio avec une séparation acoustique des différents instruments, ce qui permet aux étudiants utilisant l’applet d’analyser et/ou d’occulter l’une ou l’autre piste avant de s’insérer dans la formation. Le volume 1 a été réalisé par un quintet incluant le saxophoniste ténor Tony Lakatos et le trompettiste Alex Sipiagin, tandis que sur le volume 2, c’est un autre quintet avec le vibraphoniste Jim Hart et le guitariste Romain Pilon qui ont donné leur interprétation de standards. Sur ce troisième volume, c’est le trompettiste Bert Joris qui a été invité à réarranger pour un octet huit de ses compositions favorites. La plupart de ces pièces ont été composées à l’origine pour de larges ensembles, des big bands ou des orchestres symphoniques (on peut en écouter des versions sur YouTube par le Brussels Jazz Orchestra, le GOUT Big Band…, etc).

Disons-le d’emblée, l’enregistrement est splendide, avec un son à la fois rutilant et chaleureux qui en rend l’écoute très agréable. Le leader s’est spécifiquement axé sur les instruments à vent : en plus d’une section rythmique, l’octet comprend deux trompettistes (le leader et Jean-Paul Estiévenart), trois saxophonistes (Stéphane Guillaume au soprano, Rob Banken à l’alto et Gideon Tazelaar au ténor) et un tromboniste (Bart van Lier). Quant au répertoire, il a été assemblé pour offrir une belle diversité de styles, allant du latin jazz au swing mainstream en passant par la ballade. Évidemment, si les arrangements somptueux, avec les instruments qui s’entrecroisent comme les tentacules de l’octopode dessiné sur la pochette, constituent la caractéristique qui flatte d’abord l’oreille, on est aussi comblé par la myriade d’improvisations individuelles grâce auxquelles tout le monde a l’occasion de briller, y compris le contrebassiste Jos Machtel (« Anna ») et le batteur Joost van Schaik («King Combo »).

Les musiciens qui souhaitent progresser auront de quoi faire en disséquant ces morceaux dans le détail, mais les simples auditeurs prendront aussi beaucoup de plaisir à écouter ces petites miniatures recolorées avec maîtrise et mises en valeur dans un écrin inédit.

En collaboration
avec le magazine DragonJazz

Pierre Dulieu