Black Gold 360 : Dreams of the Revelator

Black Gold 360 : Dreams of the Revelator

Fifty Dollars Records

Simon Sixsmith aime prendre son temps pour faire les choses. Pour bien faire les choses d’ailleurs. Ce producteur multi-instrumentiste anglais vit aujourd’hui à Utrecht (Pays-Bas) où il a formé le sextet Black Gold 360. Avec son groupe, il a enregistré quatre albums sur une période de quinze ans… Chaque titres du dernier « Dreams of the Revelator » suit un peu le même principe : les introductions s’étirent, la structure s’échafaude, l’auditeur se détend… Outre quelques effets de production discrets (la musique de Black Gold 360 est essentiellement acoustique), le groupe se compose d’une assise rythmique forte, de deux souffleurs (trompette, saxophone) et d’un pianiste. Rien de bien révolutionnaire a priori. Ici aussi, vous entendrez des atmosphères cinématographiques, du groove, une pointe de swing, quelques mélodies nocturnes. C’est le lot de tout bon groupe de jazz moderne… Mais chez Black Gold 360, il y a un « plus » nettement perceptible. Un son, une force de persuasion… La faculté de vous prendre en charge pour vous conduire sur une voie prévisible, aérienne, mais tellement rassurante ! En cela, on peut faire un rapprochement entre Simon Sixsmith et deux autres personnages importants du nouveau jazz. Jason Swinscoe tout d’abord, metteur en son lui aussi et qui, avec son Cinematic Orchestra, a su ouvrir une voie nouvelle au jazz, avec de nouvelles sonorités, de nouvelles codifications. Matthew Halsall ensuite, dont l’immense travail accompli via son label Gondwana ainsi que sa musique méditative devront, tôt ou tard, être reconnus à grande échelle, à leur juste valeur. Enregistré dans les conditions d’un « lockdown » imposé aux Pays-Bas l’année dernière (chaque musicien enregistrant ses sessions séparément), « Dreams of the Revelator » se situe à la croisée de ces chemins-là : entre modernité et élévation spirituelle. Entre méditation et beauté.

Yves «JB» Tassin