Bram De Looze, Piano e Forte

Bram De Looze, Piano e Forte

Bram De LoozePiano e Forte

FUGA LIBERA OUTHERE

 

Le pianiste du Lab Trio et d’Urbex, l’octet d’Antoine Pierre, se lance ici dans l’exercice sans filet du solo, mais pas sur n’importe quel instrument, sur de véritables pièces de collection réunies par Chris  Maene : un pianoforte de 1795 signé Anton Walter, un Erard de 1836 (Sébastien Erard, auquel a succédé son neveu Pierre, est présenté comme le facteur d’instruments qui a permis le passage du forte au piano) et un Pleyel Concert Grand Replica de 1843.

“Me sentant comme un archéologue sur le point de faire une découverte capitale, je me suis assis devant certains pianofortes de la collection d’instruments historiques de Chris Maene lors d’une visite à son atelier en 2015. Comme l’archéologue, j’ai été subjugué par les perspectives nouvelles que j’ai découvertes en les jouant… Je me rappelle avoir été particulièrement frappé par les différents tempéraments auxquels les instruments étaient accordés… Mes oreilles s’adaptant à ces tempéraments, il devient intéressant d’entendre à quel point la couleur de la musique est exprimée avec plus de précision.” (Bram De Looze, livret de l’album).

Pour quel répertoire ? “La plupart des plages sont improvisées, certaines à partir de rien, d’autres autour de quelques idées précomposées. Dans les deux cas, j’ai laissé le moment dicter l’interprétation de la musique” (livret). Ces dix plages, certaines courtes comme la minute 48 de Levitation, d’autres longues comme les dix minutes 20 de Hidden Mask, relèvent davantage de la musique improvisée contemporaine que du jazz stricto sensu, ce qu’un compositeur classique appellerait des “études”, comme celles de Debussy ou Scriabine : “des pièces destinées à développer un aspect de la technique de l’instrument” (Jacques Siron, Dictionnaire des mots de la musique) et avec une volonté constante de découvrir toutes les potentialités des trois instruments, leurs caractéristiques et couleurs propres. A plusieurs reprises (Circumvent, Aigo II), on est proche des sonorités obtenues à l’aide d’un piano préparé, avec un aspect davantage percussif que mélodique et, tout au long du répertoire, avec des modifications constantes de tempo, lent comme sur Current Space, rapide comme sur Hidden Mask. Une musique intériorisée, spontanée et foncièrement originale.

Claude Loxhay