Buddy Guy : The Blues Don’t Lie

Buddy Guy : The Blues Don’t Lie

RCA Records / Sony ‐ Références catalogue : 19658-73152-2

Avec plus de 50 ans de carrière, presqu’autant d’albums et des récompenses / awards à faire crouler ses étagères, Buddy Guy est un bluesman légendaire, une icône. Et à 86 ans, il sort un de ses meilleurs albums de ces 20 dernières années, où il y a eu du déchet, avec des vocaux torturés et maniérés et des parties instrumentales sur-produites à l’excès, frisant le ridicule… Ce nouvel album efface tous ces errements, le vieux lion a encore des crocs et il les montre. Tout du long, on a un Buddy Guy qui chante de façon tendue mais convaincante et sans dérapages. Son jeu de guitare est exemplaire et séduisant comme on n’y était plus habitué. L’album est produit par Tom Hambridge, son vieux complice aux multiples awards lui aussi, en tant que producteur, compositeur et batteur. Il a écrit, seul ou en collaboration, douze des 16 faces, où on trouve aussi une composition de Buddy Guy seul, « The World Needs Love » (Like never before…) , un superbe slow blues d’actualité aux USA et dans le monde, qui prône la prévalence de l’amour sur la haine, avec de belles parties de piano dues à Kevin McKendree ! Deux covers sont des hommages, l’un à B.B. King et son « Sweet Thing », en slow, et l’autre à Slim Harpo, un Louisianais comme Buddy Guy, avec « I’m a King Bee », en slow lui aussi, émouvant et magistral, où B. Guy est en solo (gt, chant). Reprise aussi de « I’ve Got a Feeling » des Beatles en mode slow-blues haletant et mémorable ! On retrouve ailleurs des guests du top niveau comme Mavis Staples, en duo vocal avec Buddy, dans l’émouvant « We Go Back » dédié à la nostalgie du temps passé (the blues was everywhere, a cup of coffee for a nickel, a newpaper for a dime…), Bobby Rush (vo, hca) est là lui aussi dans un duo funky pétillant d’humour, « What’s Wrong With That » (I like what I like, je fais ce que je veux, même aimer une femme qui a la moitié de mon âge… quel mal y a-t-il à ça ?). On notera aussi la présence d’Elvis Costello au chant dans « Symptoms of Love » une ballade au ton déterminé et de James Taylor (vo) dans « Follow the Money », une autre ballade bluesy sur le pouvoir malsain de l’argent ! Ce n’est pas tout, il y a encore des faces plus autobiographiques à savourer pleinement comme « Let My Guitar Do the Talking » (I don’t say too much, I let my guitar) boosté par des cuivres, « Well Enough Alone », punchy, dopé à l’adrénaline, exsudant énergie et conviction, tout comme le titre éponyme, « The Blues Don’t Lie », et comme « Back Door Scratchin’ » (till you let me in) ou l’introverti « Rabbit Blood ». Chapeau aux accompagnateurs qui font un travail exemplaire, en particulier Hambridge (dms), Kevin McKendree (piano et Hammond B3), Rob McNelley (gt), Reese Wynans (B3, wurlitzer, piano, Fendre Rhodes) etc. Un must !

Robert Sacre