Chick Corea Elektric Band, le Coffret

Chick Corea Elektric Band, le Coffret

Candid

Qui se souvient de ce band Elektric de Chick Corea ? Il aura en tout cas laissé moins de traces que le mythique « Return to Forever », ou le brillantissime « Now He Sings, Now He Sobs » avec Miroslav Vitous et Roy Haynes, ou même l’« Akoustic Band » dont la rythmique – John Patitucci et Dave Weckl – sortait de la période Elektric et avait été soufflée à l’oreille de Chick par son épouse Gayle pour le bassiste et par Michael Brecker pour le batteur. Entre les fans indéfectibles et les critiques musicaux, l’accueil réservé à « Light Years » en 1987 fut assez contrasté : génial pour les fans, et carrément « profondément horrible » pour le Penguin Guide of Jazz, ce qui n’empêcha pas les albums d’obtenir deux nominations aux Grammies et une place dans le top ten du Jazz Billboard pour chacun des albums. L’intérêt ici tient principalement dans la concentration des albums du groupe dans un coffret vinyle superbement présenté avec les petits détails que les fans adorent : partition, photo NB inédites, historique, affiche grandeur nature d’une affiche de concert à Berlin, etc. Business is business… Mais s’arrêter à cet aspect commercial des choses serait une erreur, car le coffret permettra aux fans et même aux autres de se refaire l’histoire d’un groupe qui a rempli les salles à chacune de ses apparitions, et d’entendre que les choses ont aussi bien évolué : ainsi, entre « Light Years » et « Eye of the Beholder », bien plus abouti et où la présence d’Eric Marienthal au sax redonnait des couleurs que l’album précédent n’avait pas : réécoutez « Eternal Child » ou « Trance Dance ». L’évolution du groupe ne cessera d’apporter de belles surprises jusqu’à « Beneath The Mask » de 1991, sans doute le meilleur album du groupe, le plus abouti et le plus soigné – si on peut se permettre quand on connaît la richesse du CV de Chick !

En résumé, les fans s’arracheront le coffret comme un « must have », les autres se replongeront dans un jazz des années 80 qui a un peu pris des rides – tout en sachant que le prix de ce bel objet peut refroidir un public « neutre ».

Jean-Pierre Goffin