Chloë Lum & Yannick Desranleau : The Garden of Former House Turned Museum

Chloë Lum & Yannick Desranleau : The Garden of Former House Turned Museum

No Hay Discos

« Certeau écrit que la mort efface les différences. La mort a-t-elle apaisé tes bords hérissés ? Parce que tu vis dans ton œuvre, est-ce que la mort t’affecte pleinement ? » Ainsi la narratrice interroge-t-elle Clarice dans la dernière lettre qu’elle lui adresse. Clarice, c’est la femme de lettres Clarice Lispector qui fut une des écrivains (elle répugnait à l’emploi du terme au féminin) majeurs du vingtième siècle du Brésil. Six lettres écrites en prose composent ce bréviaire conçu par Chloë Lum et Yannick Desranleau, prétexte à un dialogue avec la défunte. En toile de fond se profile l’atmosphère moite et saturée de Rio, la ville où elle a vécu. L’écriture est à la fois poétique, intrusive et remuante. Elle questionne. Elle nous questionne. Sur le sens des mots, celui de la vie, celui de la mort. Pour accompagner l’époustouflant travail vocal de Sarah Albu, qui officie également aux percussions, une petite dizaine de musiciens qui interviennent à des moments choisis où ressortent les instruments percussifs et à cuivre (trompettes, trombones), et d’où s’échappe parfois comme un air de samba. Ce disque n’est pas réductible à un genre. D’un côté, il sert de support à une comédie musicale qui n’en a pas les apparences, ni dans la durée (27 minutes à peine) ni dans les artifices. De l’autre, il documente une performance où la chorégraphie tient une place majeure, incluant l’utilisation de curieux objets d’art plastique et de la vidéo. Tous deux établis au Québec, Lum et Desranleau sont connus pour leurs premiers faits d’armes au sein du combo avant-rock AIDS Wolf. Aux salles de concert, ils préfèrent les centres d’art contemporain et les espaces muséaux. « The Garden of Former House Turned Museum » apparaît comme un disque épistolaire salutaire.

Eric Therer