Christophe Bailleau : Vertical Moon Phase Charm

Christophe Bailleau : Vertical Moon Phase Charm

Mahorka

Christophe est ce que l’on nomme un artiste pluridisciplinaire. Musicien certes, mais aussi poète, plasticien, vidéaste, photographe… Français habitant en Belgique depuis de nombreuses années, il a une histoire assez singulière, mais je ne vais pas vous relater tout ce qui a déjà été écrit lors de l’entretien que nous avions eu fin 2022 à l’occasion de la sortie de l’album « Shooting Stars Can Last ». Venons-en donc à cette nouvelle production publiée sur cassette et sur le label bulgare Mahorka. Elle est le second volet d’une trilogie qui interroge les rapports entre l’autisme et la créativité. Le premier volet consistait en la publication d’un album digital (« Chuva Orbital : Armadillo Time » paru sur le label Lotophagus Records et sur lequel joue entre autres Jérôme Mardaga) et le troisième sera publié en format CD. Certainement dans un laps de temps assez court vu la productivité de l’artiste. Les onze compositions électroniques, voire électro-acoustiques, proposées sur cette élégante cassette s’apparentent à de l’ambiant. Il y a des éléments proches de la kosmiche music, du krautrock, de délicates sonorités noisy, de l’expérimental, du collage aussi. Cette musique est distillée au départ de synthétiseurs, d’une guitare délicate, d’un piano, de cloches tibétaines, d’un sitar et de programmations. La participation de quelques musiciens, de chanteurs, narrateurs, bruiteurs proches de son univers est toujours d’actualité. Ainsi nous retrouvons A Limb, Konejo, Paradise Now, Innocent But Guilty et l’anversois Stanley Christiaensen qui nous offre de belles sonorités asiatiques, via ses instruments de prédilection, sur « Supradyne Part II ». Une séduisante nébuleuse d’artistes underground.

L’ensemble de cette cassette voit Christophe développer, créer sa musique autour de palettes douces, cristallines, conscient qu’une telle musique peut aussi se mouvoir dans une sphère sonore à la beauté évidente. Évitant toute surenchère bruitiste. Partez pour un voyage parfois minimalement perturbé, parfois surprenant, inattendu, déconcertant, voire secouant ou amusant. Comme sur ce « Kaptur » final sur lequel des sourires nous arrivent avec ce qui ressemble fortement à des bruitages vocaux ! Une singulière musique naviguant entre harmonies et intrigues et sertie dans un bel objet.

Claudy Jalet