Clover : Paradigme

Clover : Paradigme

Yolk / L’Autre Distribution

Ces trois-là rêvaient depuis longtemps de jouer en trio, sans batterie, sans piano. Ils ont formé Clover qui a d’abord enregistré « Vert Émeraude » et présente maintenant « Paradigme ». Au saxophone ténor, Alban Darche, très inspiré par Steve Coleman et Tim Berne. Il a enregistré avec Kenny Wheeler et Baptiste Trotignon, a composé, pour l’ONJ, un programme hommage à Billie Holiday. Darche a réuni différentes formations comme Jass avec Samuel Blaser et John Hollenbeck, Stringed avec le guitariste David Chevallier et des cordes, Pacific avec Geoffroy Tamisier (tp) et Steve Argüelles (dm), mais surtout la grande formation Le Gros Cube  (« La Martipontine » avec Laurent Blondiau, « Cube 2 » avec Jean-Paul Estiévenart). Avec ses amis, il crée le label Yolk. Au trombone, Jean-Louis Pommier, un musicien très sollicité : l’Orchestre National de Jazz sous la direction de Denis Badault, puis de Claude Barthélemy et Franck Tortiller. Il crée Qüntêt avec Médéric Collignon (tp) et  joue avec Louis Sclavis, François Thuillier et Andy Emler. A la contrebasse, Sébastien Boisseau, qu’on a entendu en Belgique en trio avec Matthieu Donarier (ts) et au sein de L’Orchestra Nazionale della Luna, avec Manu Hermia et Teun Verbruggen. Il a aussi fait partie de Baby Boom, une formation réunie par Daniel Humair.

Tous trois sont aussi compositeurs (huit titres signés par Alban Darche, « La sensation du temps » de Jean-Louis Pommier et « L’Empreinte » de Sébastien Boisseau). Ils proposent une musique sereine, parfois taxée de jazz de chambre, avec une grande variation de tempo, des mélodies aux ambiances paisibles, toujours avec un échange perpétuel entre les trois musiciens : chassé-croisé entre ténor et trombone, avec séquences répétitives (« Paradigme »), unisson entre saxophone et trombone (« Label aventure », « Les anges silencieux », « Winter Song »), volutes de ténor et trombone bouché (« La sensation du temps »), dialogue entre les souffleurs avec contrebasse jouée à l’archet (« Canevas »), nombreuses intros de contrebasse (« Winter Song », « L’empreinte »), une contrebasse volubile toujours présente en contrechamp des deux souffleurs. Un trio aux nombreuses interactions, qui, dans les dialogues saxophone-trombone, peut rappeler les débuts de Trio Bravo.

Claude Loxhay