Dan Weiss : Even Odds

Dan Weiss : Even Odds

Cygnus Recordings

Dan Weiss a été salué comme un des cinq meilleurs batteurs par le New York Times. Etabli à Brooklyn, la quarantaine bien avancée, il a collaboré au fil des ans tantôt avec des célébrités telles Lee Konitz, Chris Potter ou Kenny Werner, tantôt avec des figures avant-gardistes comme John Zorn ou Sylvie Courvoisier. On l’a vu aussi aux côtés du saxophoniste d’origine indienne Rudresh Mahanthappa, ce qui n’est pas un hasard quand on sait qu’il s’est initié depuis longtemps au tabla. Le tabla qui est d’ailleurs une de ses influences prégnantes sur ce disque. Ce n’est pas la seule. Weiss s’est également nourri de la musique contemporaine, du métal, des musiques de l’Ouest africain, mais aussi du jazz. Il explique qu’il a voulu concevoir cet album un peu à la manière d’un jeu de hasard, d’où le titre. Il a convié le saxophoniste Miguel Zenón et le pianiste Matt Mitchell sans leur donner de directives précises, leur laissant pleine latitude. Sur la vingtaine de compositions qu’il aligne ici, seules six constituent des compositions traditionnelles, dans le sens où elles reposent sur une base écrite. Elles peuvent être enjouées à la façon de la plage introductive « It Is What It Is » ou méditatives telle « The Children Of Uvalde » qui relate la tuerie tragique dans l’école du même nom. Les autres apparaissent comme des exercices de style, des défis où Weiss lance des lignes rythmiques sur lesquelles Mitchell et Zenón improvisent ou tentent de jouer vaille que vaille. Souvent très brèves, ces pièces avoisinent les deux minutes quand parfois elles ne dépassent pas la minute. Clins d’œil, coups de poker, esquisses, miniatures… c’est selon. La légèreté avec laquelle Dan Weiss aborde la musique s’incarne aussi dans les titres de morceaux qu’il dédie à ses maîtres. Ainsi « Max Roach », « Bu » (qui était le surnom d’Art Blakey) ou « Nusrat » (en hommage à Nusrat Fateh Ali Khan). Un pierre-feuille-ciseaux où tout le monde gagne !

Eric Therer