Daniel Erdmann ‐ Christophe Marguet : Pronto!
Le saxophoniste ténor allemand et le batteur français collaborent ensemble depuis 2010, à la fois comme musiciens et compositeurs. Ils ont d’abord enregistré un duo, « Together Together » en 2013 et « Three Roads Home » avec Henri Texier et Claude Tchamitchian à la contrebasse. Les voici en quartet avec deux partenaires que Marguet connaît bien. A la contrebasse, Hélène Labarrière qu’il a croisée pour l’album « Happy Hours » avec le trompettiste Yoann Loustalot et, au piano, Bruno Angelini qui a fait partie du quartet Résistance Poétique. Les quatre se retrouvent pour un projet appelé « Pronto! », suggérant « l’urgence de vivre l’instant présent, l’intensité du moment ». L’album est le projet parfaitement réussi de quatre musiciens de premier plan.
Né en 1973 à Wolfsburg, Daniel Erdmann a poursuivi ses études à la Hochshulle Hans Eisler de Berlin et a étudié notamment avec Gebhard Ullmann. Il a fondé Das Kapital, un trio de légende, avec Hasse Poulsen (g) et Edward Perraud (dm). En 2014, il a déménagé à Reims et a fondé le trio Velvet Revolution avec le violoniste Théo Ceccaldi et le percussionniste-vibraphoniste Jim Hart. Il a été sacré « musicien de l’année 2019 » par l’Académie de Jazz de Paris.
Christophe Marguet a suivi des stages avec Billy Hart, Kenny Baron ou Dave Liebman. Il a fait partie du Strada Sextet d’Henri Texier, joué notamment avec Enrico Rava, Gianluigi Trovesi, François Jeanneau, Joachim Kuhn, Kenny Wheeler ou Louis Sclavis. Il a participé à la musique de plusieurs films de Bertrand Tavernier (« Ça commence aujourd’hui », musique de Louis Sclavis, et « Holy Lola », musique d’Henri Texier). Il a formé son premier trio avec Sébastien Texier puis, dernièrement, un quartet avec Manu Codjia et François Thuilier (tuba) et enregistré le magnifique « We Celebrate Freedom Fighters ».
Bruno Angelini a d’abord étudié le piano classique puis a intégré la classe de jazz à Marseille et le CIM à Paris. Il a proposé plusieurs projets de premier plan, comme Open Land avec le violoniste Régis Huby, La dernière nuit avec Daniel Erdmann, Weird Box avec l’Italien Francesco Bearzatti. Depuis 2019, il se produit aussi en solo avec un dispositif électronique original.
A la contrebasse, Hélène Labarrière a croisé Slide Hampton, Art Farmer, Lee Konitz (notamment avec Nathalie Loriers). Très inspirée par Charlie Haden, elle a enregistré deux albums en quartet avec le saxophoniste François Corneloup et Christophe Marguet. On l’a vue à Fallais en duo avec Jean-François Canape (tp) puis pour un bœuf avec Joëlle Léandre et Sophia Domancich.
Au répertoire, quatre compositions d’Erdmann et quatre de Marguet. Des ballades avec un son lisse (« Numéro uno »), ou une sonorité plus chaude (« Tribu » de Marguet avec des accents à la Texier), de beaux passages de dialogues piano-contrebasse puis ténor-batterie (« Elevation »). Mais aussi des tempos très vifs, « Pronto presto » avec un beau jeu de balais, « Soir bleu » avec belle intro de piano, « DE Phone Home » avec présence très forte de la contrebasse. Pour « Avant la parole », le ténor est accompagné à l’archet par Hélène Labarrière et le tempo s’accélère avec un passage piano-contrebasse. Un album équilibré qui met chacun en valeur.