Dock in Absolute : [RE]FLEKT

Dock in Absolute : [RE]FLEKT

CamJazz

Le trio Dock in Absolute a été formé au Grand-Duché de Luxembourg autour de Jean-Philippe Koch au piano, David Kintziger à la basse et Victor Kraus à la batterie. Après deux albums en 2017 et 2019, le trio a changé de bassiste avec la venue de Arne Wiegand – Kintziger laissant toutefois une trace remarquable avec sa composition « Kintsugi » qui clôt l’album – pour ce brillant [RE]FLEKT publié une nouvelle fois sur le label CamJazz. Rarement ces dernières années on aura entendu un trio piano-basse-batterie marquer avec autant d’originalité la sphère jazzique. Dès « Heartbeat », la musique du trio vous colle à l’oreille, s’alimentant autant du côté du jazz progressif, dans la musique répétitive de Terry Riley et chez les grands classiques. Pas un moment de distraction, pas une seconde d’ennui, le trio sonne avec une telle cohérence que l’aspect itératif de certaines séquences ne lasse jamais, que du contraire : ce rituel répétitif soutient des séquences créatives, originales, subtiles et variées.

Le « pacemaker » de « Interstice » vous hypnotise sur la ligne de basse puis sur la mélodie dénuée de tout artifice inutile, avant « Swell » plutôt dansant et « Tears for Peace » dont la gravité des accords crée un climat beethovenien, avant une mélodie cinématographique. « Ascension » est magnifiquement construit sur des séquences rythmées puis apaiseés, et « Rise in the East », introduit par une basse dansante, enchaîne avec une courte touche orientale, puis une envolée crescendo du piano. Si les huit premiers titres sont du pianiste, la plume est laissée aux contrebassistes pour les deux derniers morceaux : « Fragnolia » de Arne Wiegand particulièrement en verve, et « Kintsugi » de Kintziger. Un jazz d’aujourd’hui qui devrait laisser des traces demain et après-demain tant son originalité et sa rigueur dépassent ce qui se fait déjà dans le genre.

Jean-Pierre Goffin