Echo Collective, Plays Amnesiac

Echo Collective, Plays Amnesiac

Echo Collective,

Echo Collective Plays Amnesiac 

K7 MUSIC

Lorsque l’on me demande quel album j’emmènerais volontiers sur une île déserte, je réponds qu’à priori, l’aventure ne me tente pas trop. Quelque soit la douceur du climat que l’on rencontrerait sur ce  havre de paix, un isolement ne m’attirerait pas du tout ! Auprès de qui pourrais-je me plaindre de voisins trop bruyants ? Avec qui échanger ces moments formidables que nous vivons ici ? Comme, par exemple, les écoutes multipliées du diptyque « Kid Amnesiac » sorti de l’imagination débordante du groupe britannique Radiohead. Ces deux disques, publiés à l’aube du millénaire, à un an d’intervalle, ont néanmoins été enregistrés lors de la même session de studio. Ils ont clairement bouleversé notre façon d’écouter le rock. On peut l’affirmer, comme il y a eu un avant et un après « Sgt. Pepper’s» (mais on peut aussi citer, à d’autres époques, « Never Mind the Bollocks » des Sex Pistols, « London Calling » des Clash et « Nevermind » de Nirvana), il y aura un après «  Kid A »… Incrédules, nous avons entendu un groupe sortir des ses gonds (le rock alternatif) et de son confort rentable (puisqu’il vendait à ce moment-là des disques à la pelle) pour défendre bec et ongles une liberté d’écriture et d’utilisation de nouvelles sonorités qui, en ce qui me concerne, détourneront mes intérêts musicaux vers le jazz. Ou, du moins, vers une certaine forme de jazz, en zones sombres. Passée cette longue introduction (mais néanmoins nécessaire, je le pense), venons-en au collectif (sept âmes) bruxellois Echo Collective. Lors d’une résidence qu’on leur a proposée à l’Ancienne Belgique, le septet a été invité à revisiter, dans un style néo-classique, un album du groupe Radiohead; album à retenir entre « Amnesiac » et « Kid A ». Le choix se portera sur « Amnesiac », jugé plus ésotérique et plus complexe que son frère. Si cet exercice peut très couramment s’apparenter à un casse-gueule phénoménal et ridicule (il est inutile de citer des noms ici), cet album-ci vous prouvera qu’il peut aussi déboucher sur un résultat aussi surprenant que fascinant ! On craignait que l’absence de la voix déchirante de Thom Yorke n’alourdisse le propos. Il n’en sera rien ! Intelligemment, le collectif s’est réapproprié les arrangements originaux pour nous offrir une relecture mi-symphonique durant laquelle des solos de basson, de violons ou de clarinette se substituent aux mélodies vocales. Grâce aux contributions rythmiques du percussionniste et du pianiste, et à la finesse du jeu d’Echo Collective, la musique de Radiohead retrouve ici une nouvelle vie, aussi passionnante que la précédente. A découvrir à l’Ancienne Belgique de Bruxelles le mercredi 2 mai.

Joseph « YT » Boulier