Estelle Perrault : Dare that Dream

Estelle Perrault : Dare that Dream

Art District Music

Je vais vous faire une confession : je ne raffole pas des chanteurs/chanteuses dans le jazz. Trop souvent, leurs interprétations ont tendance à se rapprocher de la variété. Donc, lorsqu’on m’a proposé de chroniquer le disque de cette chanteuse franco-taïwanaise que je ne connaissais pas (elle avait réalisé un premier album en 2020, « Lots of Love », uniquement en version digitale), j’avoue que j’avais un a-priori et que j’étais prêt à renoncer. J’ai quand même écouté… Et là, assez vite, je me suis dit que cette chanteuse ne ressemblait pas à la majorité de ses consœurs/confrères. La séduction a très vite opéré. J’ai été séduit par la fraîcheur de l’interprétation, par cette voix, claire, naturelle, sans effets superflus. Séduit par la façon juste de poser cette voix. Ces qualités la rapprochent de grandes dames comme Ella Fitzgerald ou Billie Holiday, ses chanteuses préférées. Une autre qualité de cet album est son répertoire : aux côtés des classiques « Yesterdays » de Jerôme Kern et « You Must Believe in Spring » de Michel Legrand, on trouve six belles compositions originales (avec une préférence pour « Flower Blossom »), dont quatre ont été composées et écrites par Estelle Perrault. Elle a écrit les paroles des deux autres, composés par son pianiste Carl-Henri Morisset. J’ai aussi été fasciné par les jeunes musiciens qui l’entourent : outre Carl-Henri Morisset (entendu chez Riccardo Del Fra ou Pierrick Pédron), Clément Daldosso (contrebasse), Elie Martin-Charrière (batterie et directeur artistique de l’album) et surtout le trompettiste américain résidant à Paris, Hermon Mehari (présent sur cinq titres, auxquels il apporte un plus évident par ses solos, parfois en dialogue avec le piano) forment un vrai groupe (quelle cohésion!), au son moderne et résolument jazz. Plus qu’une promesse, déjà un « must » en jazz vocal.

Sergio Liberati