Fiers d’être Belges

Fiers d’être Belges

Troisième édition de cette série à succès : la rédaction de JazzMania se fend d’une rétrospective noire / jaune / rouge et vous fait part de ses coups de cœur belgo-belges pour 2021/2022… N’allez y voir aucun esprit nationaliste, ce n’est pas du tout notre genre… Que du contraire !

Laurent Blondiau © Robert Hansenne

Ce qui doit nous rendre fiers c’est de voir à quel point nos musiciens sont appelés à rejoindre des musiciens d’autres pays. Un exemple : Laurent Blondiau, membre à temps plein du MegaOctet d’Andy Emler, une des formations les plus aventureuses qui soient, mais aussi du Gros Cube d’Alban Darche. Voici une nouvelle collaboration française : avec David Chevallier, le guitariste de Tous Dehors et du trio de Laurent Dehors, membre du Jazz Ensemble de Patrice Caratini et qui, à côté du jazz, voue une passion pour le baroque (« Gesualdo Variations ») et la pop (« Is that Pop Music ? », avec David Linx). L’occasion ici de retrouver tous les registres de Blondiau et son utilisation très personnelle de sourdines hors du commun (minuscule arrosoir, pot métallique tout cabossé…). A noter que de son côté, Laurent a fait appel à des musiciens français : Jean-Yves Evrard pour certaines sessions de Maäk, Claude Tchamitchian pour MikMâäk.

Andy Emler MegaOctet
Just a Beginning
PeeWee!

Chronique JazzMania

Claude Loxhay

Riff Brothers © Paul Jehasse

Un super groupe belge de blues vient de naître : Les Riff Brothers ! Il s’est formé fin 2021 avec de grandes pointures comme Fred Lanni, guitares (Fred & The Healers), Gilles Droixhe, guitare (Elmore D,…), René Stock, basse (un bassiste reconnu comme l’un des meilleurs de notre époque) et Gerry Fiévé, drums (Superslinger). Ce groupe compte déjà des concerts au Blues Sphere (Liège), à la Ferme de la Madelonne (Gouvy), et ailleurs… avec, à la clé, un vibrant succès. Ils ont continué sur cette lancée en 2022 avec des prestations qui ont fait l’unanimité, comme au festival Djud’la Blues en juin dernier, en Outremeuse. Nul doute que beaucoup d’autres concerts suivront tout au long de cette année et on souhaite aux Riff Brothers une belle et longue carrière. Ils le valent bien !

Robert Sacre

Je vais me la jouer un peu égoïste… J’ai été particulièrement honoré par le fait que deux de mes interviews soient traduites en flamand et publiées sur le site de Jazz’Halo. Pour certains c’est de la routine. Je n’en suis pas encore à ce stade, et découvrir les belles traductions que Jos Demol avaient faites de mes rencontres avec Jean-Pierre Froidebise et Guy Segers pour qu’elles soient lisibles au nord du pays, m’a fait chaud au cœur !

Content aussi de savoir que deux petites productions « francophones » à savoir les très bons albums d’Hillary Step et d’Unik Ubik, soient parvenus à s’extraire du lot sans gros renfort logistique. Juste à force de belles volontés.

Et ravi d’avoir fait la connaissance et d’avoir pu découvrir le travail et l’univers du photographe Frans Dael lors de l’exposition Dédale à Huy. Un surréaliste « à la belge » et un Flamand qui habite Ferrières.

Guy Seghers : l’interview… traduite par nos amis de Jazz’Halo.

Unik Ubik
I’m not Feng Shui
Humpty Dumpty Records

Chronique JazzMania

Claudy Jalet

Personnellement, au plan musical j’entends, ce qui m’a agréablement surpris, c’est la résilience des petits labels belges spécialisés dans le jazz, qui ont réussi à survivre à la crise sanitaire et continuent aujourd’hui à proposer et à soutenir des albums splendides comme, entre autres, « Moanin’Birds » (Hypnote Records), « The Missing One(s) » (mogno), « Trap » (September) et « About Time » (Igloo).

Fil Caporali & Tom Bourgeois
The Moanin’ Birds
Hypnote Records

Chronique JazzMania

Martin Salemi
About Time
Igloo

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Pierre Dulieu

Mon coup de cœur belge de l’année, c’est la réouverture du Sounds Jazz Club ! Depuis trente-cinq ans, le « Sounds » était le temple du jazz à Bruxelles. Tous les jazzmen belges y ont fait leurs classes et le Conservatoire de Bruxelles y organisait ses sessions d’examens en juin. Six jours sur sept, la scène accueillait des groupes et les photos des grands noms du jazz accrochées aux murs montrent le renom international du club : Charlie Mariano, Lee Konitz, Ravi Coltrane, Paolo Fresu, Kenny Werner, Philip Catherine… Le rachat de la maison par une ASBL engagée dans le secteur associatif a rallumé la flamme chez beaucoup de musiciens. Un collectif se forme et les réponses du milieu sont enthousiastes, un crowdfunding est lancé, des musiciens de renom y sont déjà programmés : Philip Catherine, David Linx, Nathalie Loriers, le Brussels Jazz Orchestra qui y a fait ses débuts, aujourd’hui un big band réputé mondialement. La scène de la rue de la Tulipe revit et c’est génial ! Ceci autour d’un projet responsable et éthique, qu’ajouter à notre plaisir… si ce n’est : longue vie au Sounds !

NB : Nous avons appris que le Sounds avait été la victime d’un cambriolage… Une partie du matériel (notamment pour le captage audio-vidéo des concerts) a disparu. Au-delà de la tristesse, il y a la rage ! On ne peut imaginer un seul instant que tant de bonne volonté pour ériger un si beau projet soit anéantie de la sorte… Notre soutien au club que vous pouvez à votre tour aider en faisant un don : www.sounds.brussels

Le Sounds dans JazzMania.

Jean-Pierre Goffin

Luc Pilartz © Diane Cammaert

Parmi les concerts de l’année, je retiens celui de Luc Pilartz qui m’a beaucoup plu… Un esprit qui caractérise parfaitement la belgitude : ouvert au brassage de cultures, d’ici et d’ailleurs…

Luc Pilartz à l’OPRL, Liège, le 4 février ‐ le reportage de Diane Cammaert.

Diane Cammaert

C’est au Belgian Jazz Meeting (une Messe…) que j’ai rencontré pour la première fois Benny Claeysier, qui a en charge la direction du label brugeois W.E.R.F., succédant ainsi au regretté (et très apprécié) Rick Bevernage.
Succession d’autant plus risquée que Benny arrivait dans la structure avec des idées neuves et la volonté de tourner regards et oreilles vers l’avenir… Et cette devise : « W.E.R.F., le label jazz pas jazz »… Car oui, et de plus en plus, le jazz se nourrit des musiques annexes et s’en enrichit. Ça ne plait pas à tout le monde, mais c’est une évidence.

Durant ces derniers mois et à titre d’exemples, W.E.R.F. a publié les albums de Spook, RVB Quartet, Lara Rosseel, Bààn, … Que d’ouverture ! Sans oublier les précédents : Don Kapot, An Pierlé, Alex Koo, Esinam, Donder, …

De quoi – largement – être fier d’être Belge !

J’oubliais : Benny est vraiment un gars sympa !

Pour vos achats : werfrecords.bandcamp.com

Bààn
Shadowboxing
W.E.R.F.

Chronique JazzMania

Lara Rosseel
Hert
W.E.R.F.

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Spook
Spook
W.E.R.F.

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Yves Tassin

Elena Lacroix (Eosine) © Quentin Perot

Cette dernière année a surtout été celle de l’accueil chaleureux que l’équipe de JazzMania m’a réservé. Je suis heureux et très fier de faire partie de l’équipe, et je sens mon travail photographique mis en valeur et honoré par le magazine.

Au niveau des performances sur scène, je voudrais surtout mettre en avant les prestations impressionnantes de Eosine, groupe Liégeois (cher à mon cœur) produit chez JauneOrange.

Autre moment fort : le Microfestival 2021. En d’autres termes, la vraie reprise des concerts et festivals. Même si j’ai eu la chance, et le privilège de travailler sur le festival « Out For The Summer » de l’Atelier Rock de Huy en 2020, ainsi qu’à quelques évènements, je dois dire que la sonnerie de la récré a fait plus que du bien. (Et ce n’est même pas là qu’on a chopé le COVID, comble du comble)

Le concert piano-voix de Juicy sous une tente et sous la pluie au Bucolique (Ferrières) était simplement magique, d’une énergie absolument folle et dans une ambiance de feu. Moment épique dont je me souviendrai toute ma vie.

Le Concert de Bààn à l’an-Vert m’a scotché. J’aimais déjà ce groupe, dorénavant je l’adore.

Au niveau des découvertes 2021, je citerai pêle-mêle Bààn, Paard, Dans-Dans, Nordmann, Nala Sinephro, Aucklane, … entre autres.

Bààn à l’An Vert, 4 juin 2022 ‐ le compte-rendu de JazzMania.

Eosine au Hangar (Liège), le 4 février 2022 ‐ le reportage de Quentin Perot.

Quentin Perot

Aka Moon © Didier Wagner

Mon coup de cœur ?
Le tout jeune (30 ans…) Aka Moon !

Aka Moon au Sounds Jazz Club, le 14 avril 2022 ‐ le reportage complet de Didier Wagner.

Didier Wagner

Pol Bury ‐ Manneken Pis à La Louvière © Archives Centre Daily-Bul & co.

La « belgomania » n’existe pas, sauf dans la tête de certains publicistes ou « footbalistes ». C’est cela qui rend, et d’autant plus en ces temps violents de regain nationaliste/souverainiste, notre impertinente belgitude si précieuse, d’autant plus quand elle rit d’elle-même et de tous les conformismes en couvrant d’un voile surréel la grisaille du quotidien.

2022 marque le centenaire de la naissance de Pol Bury, c’est l’occasion de redécouvrir l’œuvre géniale de ce créateur-inventeur cybernéticien, pataphysicien, multi médiatique avant l’heure. Son éloge de la lenteur dans ses sculpteurs à moteur nous invite à faire une pause dans l’accélération des turbulences mondiales.

Dans ses poèmes et aphorismes, Achille Chavée, autre penseur « Bul » (celle qui « n’est pas souvent celle qu’on croit et même, le cas échéant, tout le contraire ») louviérois, conseille de nous « démontrer par l’absurde » et de « ne jamais ternir sa mauvaise réputation ».

Les relire avec gourmandise fut une stimulation tout comme redécouvrir les « Diaries » (aujourd’hui en ligne) de Jean-François Octave, le plus cosmopolite des artistes post-pop bruxellois à la faveur d’une collaboration audio-visuelle fructueuse. Il ne lui reste plus qu’à créer un drapeau aux couleurs provocantes et à la devise spirituelle pour que le 21 juillet vaille un salut à la santé de ces indisciplinés lumineux.

Le reportage d’Eric Therer « Soundtracks for JFO ».

Philippe Franck

Ce qui me rend fier d’être belge c’est le nombre de festivals que nous avons et la mixité dans ceux-ci. Les Ardentes pour le hip-hop et le rap, Tomorrowland pour l’électro, les Francofolies pour la chanson française et la mise en avant de nos artistes belges, Werchter et le Pukkelpop pour le rock et l’indie, Esperanzah et Couleur Café pour les musiques du monde, Swing de Wespelaar pour le blues, le Sjock pour le rock’n’roll, le rockabilly et le psychobilly, Muddy Roots pour le country et le roots. Il y en a beaucoup d’autres et je trouve que pour un si « petit pays », avoir cette diversité est un bel atout.

Le Festival d’Art de Huy ‐ le focus de JazzMania.

Le Gaume Jazz Festival ‐ le focus de JazzMania.

Lola Reynaerts

Fabrizio Cassol © Robert Hansenne

Cette année, j’ai vu et écouté beaucoup de très bonnes choses… Mais je choisis de mettre à l’honneur le concert d’Aka Moon aux Chiroux : un excellent spectacle d’un groupe local, à l’occasion des Fêtes de la Musique.

Le reportage complet sera publié sur le site de JazzMania le samedi 30 juillet.

Robert Hansenne

En jazz, les Belges ont aussi été des précurseurs (Marc Danval dans son livre paru en 2014 « Histoire du jazz en Belgique »). Et il en a des histoires à raconter ce Marc Danval ! Il en a rencontré des personnalités, il en a fréquenté, des cabarets, des lieux de concerts !

A ne pas rater, le rendez-vous du samedi à 14 heures sur la Première, une émission radiophonique venue d’un autre temps, « la troisième oreille » – celle qui écoute ce que les autres n’entendent pas… C’est certain, on entendra cette émission nulle part ailleurs ! – un ovni – En ce qui me concerne, ce n’est pas tant pour la musique programmée mais bien pour les histoires que Marc Danval nous raconte que je suis à l’écoute. Avec cette voix particulière, légèrement chevrotante, qui vous raconte la musique d’autrefois, le « music-hall », les claquettes… Un monde que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître. Il nous rendrait nostalgique d’une époque que nous n’avons pas vécue…

Sa biographie « Marc Danval l’épicurieux », écrite par un autre homme de radio, Michaël Albas, vient de paraître. Bien plus qu’un curieux, cet homme est une encyclopédie vivante qui vit entouré de vinyles 78 tours, d’autographes de musiciens et de souvenirs précis, issus de sa collectionnite.

Michaël Albas
Marc Danval l’épicurieux
Editions Jourdan

France Paquay

Mon choix se porte sur un album réalisé par le trio Leroux / Van Isacker / Vanderstraeten : « Als ik niets meer van de kano zie ». Au niveau de la Belgique, un des groupes les plus représentatifs d’une manière radicale d’improviser issue de ces temps lointains où des groupes légendaires, AMM, M.I.C. (ques aquo ?), Iskra 1903, etc… effrayaient les suiveurs inconditionnels du free-jazz le plus agressif. J’ai acheté les fichiers digitaux de l’album pour 10 euros, mais je ne peux résister à commander leur vinyle quoi qu’il m’en coûte. Fantastique !!

Frédéric Leroux, Frans Van Isacker & Kris Vanderstraeten
Als ik niets meer van de kano zie
Aspen Edities

Chronique JazzMania

Jean-Michel Van Schouwburg