
Frank Kimbrough, Solstice
Frank Kimbrough, Solstice
Pianiste américain né en Caroline du Nord et actif à New York pendant plus de trente ans, Frank Kimbrough fait partie de ces pianistes discrets mais au talent incontestable et incontesté, son nom apparaissant régulièrement dans les polls au rayon des meilleurs albums de piano de l’année, ainsi son superbe solo « Air » paru chez Palmetto. Pour son premier album sur le label PIROUET, il reprend deux de ses accompagnateurs préférés : Jay Anderson à la contrebasse et à la batterie Jeff Hirshfield qu’on a pu entendre sur l’album « Shakra » de Pierre Vaiana avec Salvatore Bonafede et Michael Formanek . Véritable orfèvre du clavier, Frank Kimbrough nous distille un jazz de chambre élégant et inspiré sur des thèmes principalement écrits par quelques une de ses principales inspirations : Carla Bley en ouverture avec Seven , une pièce que le pianiste intériorise dans une introduction en solo qui fait songer à Keith Jarrett. Here Come The Honey Man habituellement enlevé est aussi pris sur un tempo lent qui sublimise la mélodie de ce thème dans une texture tout à fait nouvelle. Solstice est une composition de Maryanne de Prophetis, joue aussi sur l’émotion et offre un solo de contrebasse dont la profondeur n’est pas sans rappeler Charlie Haden. The Sunflower de Paul Motian traverse des territoires plus libertaires lors des dialogues entre contrebasse et batterie. L’univers d’Annette Peacock est aussi largement évoqué dans les paysages musicaux développés sur Albert’s Love Theme ( écrit pour Albert Ayler) et El Cordobes, deux thèmes joués par Paul Bley dans les années 1960 et sans doute aussi un des pianistes qui a influencé Frank Kimbrough. Membre de la formation de Maria Schneider, Frank Kimbrough lui consacre une pièce en clôture de ce magnifique album, inspiré et introspectif, énigmatique et ouvert à la poésie sonore.
Jean-Pierre Goffin