Harrison Steingueldoir / Erik Bogaerts : La mer vide 

Harrison Steingueldoir / Erik Bogaerts : La mer vide 

Autoproduction

Pour les avoir rencontrés séparément, je peux affirmer que ces deux garçons-là font preuve d’une réelle humilité. Pas de vagues, juste un focus sur lequel ils se concentrent à 100%, une musique nouvelle à maîtriser, à comprendre et à restituer. Un objectif hautement symbolique s’agissant de deux artisans actifs sur la nouvelle scène flamande. Pas celle du jazz flamboyant ou du groove que tous ces nouveaux groupes nous offrent depuis quelques années – et qu’on adore aussi – façon Dans Dans, Schntzl, Stuff. Don Kapot et autres… Ici, on joue dans une autre catégorie, dans une autre dimension… Celle de la retenue, celle de la pureté du son. Le jazz, le pianiste Harrison Steingueldoir le pratique au sein du trio Donder. C’est un jazz discret, sombre, devenu presque hermétique depuis quelques années. Quant à son complice, le saxophoniste Erik Bogaerts, il officie dans la formation atypique Mephiti, qui produit un jazz ambient, chuchoté, et au sein de laquelle on retrouve entre autres le batteur Stijn Cools qui a enregistré ce disque-ci.

En associant ces deux formidables musiciens-là, on se doutait bien qu’il ne serait pas question de dancefloor… Néanmoins, et presque à notre étonnement, cet album nous offre quelques mélodies riches, on se trouve loin de l’avant-garde, sans que l’on ne sache qui des deux retient l’autre par la manche afin qu’il ne tombe pas. Le duo s’autorise même une escapade dans le swing (« Dawn & Dusk »). L’aventure demeure palpitante. Loin d’être convenu, « La mer vide » est un disque convenant.

Yves Tassin