Hüm : Don’t Take It So Personally

Hüm : Don’t Take It So Personally

Losen Records

C’est un phénomène que nous rencontrons à chaque réunion de rédaction : lors de la distribution des tâches (partager notre passion demeure un plaisir… entendons-nous bien !), les chroniqueurs sont moins « chauds » lorsqu’on leur propose des trios piano/basse/batterie… Et il en arrive de nouveaux chaque semaine. « Encore un ! ». Faut-il le préciser, depuis que le regretté Esbjörn Svensson (E.S.T.) en a révolutionné la configuration et que Keith Jarrett (avec Gary Peacock et Jack DeJohnette) en a perfectionné les fondements, la barre du genre a été placée très haute. Trop haute pour un grand nombre de trios qui ne parviennent pas à s’extirper de la masse. Diable ! Sinon le talent, que faut-il déployer comme atouts pour titiller l’oreille experte d’un chroniqueur de JazzMania ?! A vrai dire, un peu de tout… Un « son », certainement. Mais aussi une originalité dans les compositions… Bref, bouleverser sans trop décontenancer… L’équilibre est difficile à atteindre et beaucoup de nouveaux trios, malgré le travail et le talent, ne le trouvent pas.

Les balises étant posées, abordons aujourd’hui le dossier « Hüm », un trio norvégien (plutôt bon signe ça…) articulé autour du pianiste Bojan Marjanovic, qui assume quasiment toutes les compositions du groupe. Aux questions ouvertes et posées plus haut, on vous répondra dans un premier temps que l’on se trouve ici davantage dans le jardin de E.S.T. que de celui de Keith Jarrett. Qu’en effet, le passage de l’examen « son » est réussi avec satisfaction. Que Marjanovic élabore ses thèmes de jolie façon. Que si, à la longue, l’heure d’écoute de ce premier album finit par plonger l’auditeur en mode ronronnement, Hüm réussit néanmoins à le tenir en éveil grâce à ce mixage astucieux entre traditions et recherches et à quelques titres très bien construits (« Kringsja bla », «Day Dreamer », …).

Pas extrêmement original, mais c’est indéniable : mention « réussite et effort à maintenir »… Et ça, ils peuvent le prendre personnellement.

Yves Tassin