I-Wolf, Eduardo Raon : Baumgarten

I-Wolf, Eduardo Raon : Baumgarten

Seayou Records

Seayou Records est un label basé à Vienne, qui possède un impressionnant catalogue dont j’avoue ne connaître que très peu d’artistes. Mais la tentation d’y faire des découvertes est bien présente. Dans leur récente production il y a cet album, disponible uniquement en téléchargement et en vinyle mais dont nous avons reçu une copie cd directement d’Autriche. Preuve de notre rayonnement (il n’y a pas de mal à se faire plaisir !). Le duo dont il est question ici et dont ce n’est pas la première collaboration, est composé du pianiste autrichien Wolfgang Schlögl (I-Wolf, membre du collectif Sofa Surfers) et du harpiste portugais Eduardo Raon. Vu les deux instruments mis ici en évidence et presque en opposition, nous pourrions nous attendre à une musique de facture assez classique. Il n’en est rien. Le duo nous emmène dans un univers sonore radical, hermétique. « Baumgarten » doit être considéré, approché, comme une expérience musicale. Sans mélodie, assez calme voire méditative mais faite essentiellement d’improvisations, de croisements d’instruments, de déconstructions. La pureté initiale émanant de ces instruments à cordes s’entremêle souvent avec des touches noisy électroniques, des bruitages. On s’engouffre parfois vers les ténèbres, cela en devient étrange, angoissant, pour peu on s’abîmerait dans le stressant ! Le plaisir d’écoute est souvent très réduit parce que ces suites de sons bruts seraient nettement plus appropriées avec un peu de visuel. Comme support cinématographique certainement. Elles accompagneraient aussi sans équivoque de la danse contemporaine. Une recherche sur le net m’apprend que c’est dans ces domaines qu’en duo ou séparément ces deux prospecteurs s’expriment régulièrement. Cela inclut aussi des films d’animation et du théâtre. Je comprends dès lors mieux ces défricheurs à qui je souhaite de se poser un peu plus souvent et de nous offrir de brèves éclaircies où un peu de mélodie pointerait. Mais leur envie est loin d’être telle, j’en suis certain !

Claudy Jalet