Irène Schweizer & Hamid Drake : Celebration
Nul doute, c’est un dialogue. Un dialogue qui s’initie comme tel d’emblée dès les premières notes et qu’annonce la plage introductive « A Former Dialogue », co-écrite par Schweizer et Drake. C’est la seule, Schweizer écrit les huit autres. Mais cela ne change rien au jeu et n’altère pas la mécanique qui les relie. Aux notes virevoltantes, vrillantes de la pianiste, Hamid Drake répond par des à-coups, des saccades, des tamponnements. Les deux œuvrent à la manœuvre d’une rythmique implacable, indomptable. Cette « Celebration » n’est certes pas leur première, leur collaboration s’était déjà illustrée dans le passé aux festivals Taktlos et de Willisau. Enregistré live au Konfrontationen de Nickelsdorf en Autriche, pour le quarantième anniversaire de ce festival dédié à la musique free et improvisée, elle revêt pour l’occasion une rare intensité que saluent les applaudissements nourris qui ont dû être en partie amputés au mixage tellement ils étaient soutenus ! Détours post-swing (« Hot Sunflowers ») ou africanisant (« Song for Johnny »), décours blues (« Blues for Crelier »), déroutes innombrables, leur dialogue emprunte moult directions. Pour Irène Schweizer, 80 ans cette année, faire paire avec des batteurs témoigne d’une longue pratique. Elle a ainsi joué aux côtés de Pierre Favre, Joey Baron, Han Bennink, Louis Moholo, Andrew Cyrille et bien d’autres encore… Quant au parcours d’Hamid Drake, truculent batteur chicagoan, il n’est pas à rappeler ici tant il est notoire. Cette combinaison n’est pas seulement gagnante, elle est tout bonnement exaltante.
