Isabel Sörling : Mareld
Beaucoup l’ont découverte lors de son double passage au Gaume Jazz 2020 avec son propre trio, puis celui du pianiste Paul Lay, avec le contrebassiste Simon Taillieu. Une présence scénique de tous les instants, dans l’urgence et le mouvement perpétuel. Une voix qu’on n’oublie pas et que ses pairs adoubent avec enthousiasme. « Une des plus belles voix que je connaisse » dit Ibrahim Malouf, « ma voix préférée » confie David Linx.
Son passage à Rossignol en ce mois d’août a permis de découvrir son quartet avec le répertoire de son dernier album « Mareld » sorti juste avant le confinement. Un concert qui a secoué le public dans tous les sens : enthousiastes pour certains, dubitatifs pour d’autres qui se demandaient si il s’agissait encore bien de jazz. Finalement, peu importe, il s’agit d’une musique qui ne laisse pas indifférent : forte, intense, tellurique même par moments, tant la voix d’Isabel Sörling vous secoue ou vous émeut, parfois les deux à la fois. On y entend le jazz par le côté expérimental, par le sens du voyage, par des moments lumineux, sombres aussi, mais toujours exaltants. Soutenue par des percussions obsédantes, la voix vous transporte, passant d’une transe quasi africaine – on peut penser à Janis Joplin – à des atmosphères plus cool, pleines d’émotion que le synthé et la guitare (jouée par la chanteuse) enveloppent, ajoutant à l’ensemble une construction dramatique étonnante comme dans « Turn off the Light » ou dans le texte de « Human ». Le mix des cultures scandinave et africaine traverse tout l’album, envoûtant et d’une originalité qui se démarque clairement des voix sirupeuses du circuit. En cela, Isabel Sörling se rattache bien à une culture jazz en recherche, dans son incandescence et sa profondeur.
« Mareld » signifie « bioluminescence » en suédois et évoque les petites lucioles de mer que la chanteuse voyait enfant lors de ses balades en mer nordique : lumière et obscurité donc. Un album qui secoue.