Jane Lee Hooker, No B !
Jane Lee Hooker, No B !
Il n’y a jamais eu beaucoup de chanteuses de blues, un style musical finalement très macho. De plus, très peu de chanteuses étaient en plus instrumentistes, mais, depuis quelque temps c’est en train de changer. Mieux encore, il y a de plus en plus de “girls bands”, en particulier. Le quintet dont il est question ici, avec Dana «Danger» Athens au chant, ‘Hail Mary ‘ Zadroga à la basse, Melissa ‘Cool Whip’ Houston aux drums, Tracy ‘High Top’ et Tina ‘T-Bone’ Gorin aux guitares, est emblématique pour cette nouvelle vague.En effet, elles sont toutes blanches, ce qui ne les empêchent pas d’avoir le blues dans la peau. Elles en ont le feeling et maîtrisent la technique ! Les mecs n’ont qu’à bien se tenir pour rester dans la course. De plus, leur répertoire va du pre-war blues, comme avec ce morceau de Memphis Minnie/Kansas Joe McCoy, un Bumble Bee intense, mais aussi tout en délicatesse, au Chicago blues de Willie Dixon, avec un bien balancé et rythmé Shake for me, ainsi que ces titres de Muddy Waters, Champagne And Reefer (en slow) et Mannish Boy. Ceci dit, on se demande quand même pourquoi Dana Athens a gardé ‘boy’ et ‘mannish’ au lieu de ‘girl’ et ‘girlish’, c’était l’occasion rêvée non ? Au tableau on a aussi Mean Town Blues de Johnny Winter (en slow torturé); la soul qui les inspire aussi avec Ray Charles (I Believe To My Soul), Ike et Tina Turner (The Hunter, beaucoup plus rock que la version originale) et Otis Redding (Free Me, un slow punchy), sans oublier cette incursion dans le gospel avec un trépidant Wade In The Water surtout grâce à une ‘Cool Whip’ tapant furieusement sur ses caisses, et enfin un Didn It Rain speedé aux amphétamines et endiablé, Mahalia Jackson doit se retourner dans sa tombe ! High Top et T Bone assurent aux guitares, sur l’ensemble de l’album, il en est de même pour la bassiste Hail Mary et la chanteuse Danger qui a écrit In The Valley, la seule composition originale de l’album, par ailleurs encore un excellent blues rock. La sonorité du groupe est très moderne et contemporaine, blues rock quoi, énergique, et le tout s’écoute d’une traite, sans ennui ni envie de zapper. On attend la suite avec, on l’espère, des compositions originales.
Robert Sacre