Jason Miles, To Grover With Love – Live In Japan
Jason Miles, To Grover with Love / Live in Japan
Les fans de Jason Miles s’en souviennent : lors de la longue interview qu’il nous avait consacrée à la sortie de « Kind of New », Jason Miles nous avait parlé de ce « Columbia Record Club » dans l’Indiana où il a débuté sa collection d’albums avec « Push Push » de Herbie Mann, « In A Silent Way »… et aussi « Inner City Blues » du saxophoniste Grover Washington. Cette anecdote, il la rappelle dans les liner notes de son nouvel opus « To Grover with Love/Live in Japan », la version « en public » de son double tribut au saxophoniste « To Grover with Love » et « 2 Grover with Love ». Disparu très tôt d’une crise cardiaque en plein studio à l’âge de 56 ans, Grover Washington Jr a connu un succès fulgurant – mais discuté comme il se doit dans le monde du jazz où le succès a toujours un côté suspect. Considéré comme un des maîtres du jazz funk plutôt smooth, une signature reprise par David Sanborn entre autres, Grover Washington a inscrit des titres comme Mr Magic ou Winelight au panthéon du genre, deux titres « grammisés » et présents sur ce « live » de Jason Miles, tout comme l’incontournable Just The Two of Us immortalisé par Bill Withers. Deux musiciens qui ont fait partie de l’écurie « Washington » font partie de cette semaine de club au « Blue Note » de Tokyo : le percussionniste Ralph McDonald, co-auteur de Mr Magic et Just The Two of Us, et le bassiste Gerald Veasley qui joua près de 35 ans avec Grover. A leurs côtés, deux sax-ténor, Andy Snitzer et Eric Darius, le guitariste Nick Morock et le batteur Buddy Williams et, bien sûr, le groove phénoménal des claviers du maître Miles. Si il est bien un lieu où cette musique fonctionne, c’est le club et cet album en est la preuve irréfutable : ça groove du début à la fin avec des solos de sax de la meilleure veine, un festival “percussif” de tous les instants, une guitare funky, et un Fender qui nappe le tout. Cette musique aux sonorités très années septante n’a pas perdu une once de sa saveur chaude et décontractée, les saxophones et la guitare y distillant une touche de jazz d’aujourd’hui. Une galette que les fans de Cannonball Adderley, époque « Black Messiah », apprécieront, très recommandable donc.
Jean-Pierre Goffin