Jozef Dumoulin : This Body, This Life
La pochette a valeur indiciaire. Elle arbore un dessin de coloriage d’une coccinelle réalisé de toute évidence par la main d’un enfant. En l’occurrence, celui de Jozef Dumoulin, le petit Ayaan dont des fragments de comptine et de babils se font entendre – dans les deux langues nationales – ci et là à l’écoute de ce nouvel album. On ne sait s’il faut voir une allusion entre sa présence physique et le titre du disque, mais il est permis de tenter le parallèle. Il est d’ailleurs le seul invité. Jozef s’occupe de tout pour le surplus, en ce compris l’enregistrement. Comme à son habitude, son jeu est subtil, nuancé, aventureux, énigmatique. Son Rhodes et son piano sont toujours bien présents, mais il y incorpore parfois quelques enregistrements de terrain, des embouts rythmiques, des voix et même un peu de guitare. « Eighteen Chords For an Angel » et « Everything To Look Forward To » ne sont pas sans rappeler ce qu’aurait pu composer Morton Feldman. « Seed Syllables » et « Speciale Pasta » se déclinent comme des vignettes avant-gardistes post-dadaïstes tandis que « Kindred Touch » ou « Lonely Tree On Rocks » privilégient une ambiance intimiste et ouatée. « This Body, This Life » est un disque qui s’écoute et se réécoute à tout moment de la journée sans jamais engendrer la moindre lassitude. Jozef est – et demeure – un de nos meilleurs claviéristes sans qu’il soit besoin d’argumenter davantage pour appuyer ce constat.