La Jungle: Blurry Landscapes
Et nous en revenons encore à la période Covid ! Alors que les tournées, les concerts s’arrêtaient, La Jungle a opté pour la création et a composé deux albums en quelques mois. « Blurry Landscapes » est le second et le sixième de leur discographie officielle. Car, sur les côtés, l’inépuisable duo n’arrête pas les collaborations. On se réjouit de voir arriver l’album de Junkz réalisé avec Kermez à L’Est. Et pour avoir vu leur premier concert ensemble, à Marchin, je peux vous assurer que ce sera encore une fameuse plaque ! Mais revenons vers ce CD. En même temps qu’il composait ces morceaux, le duo a établi des contacts avec des artistes plasticiens de l’art brut (ou art outsider) en Belgique et en France. Chacun de ces créateurs a écouté une composition, lui a donné un titre et a reçu une carte blanche pour créer une œuvre à la seule condition qu’elle soit en format carrée, parfaitement adaptée au CD et à son livret. Trois pages détaillées en son sein vous informent sur la démarche et les artistes.
Musicalement, La Jungle parvient toujours à nous surprendre tout en maintenant la base techno punk ultra dansante, hypnotique qui est sa marque de fabrique. Ici et dans cette mouture nous retrouvons des titres tels que « The Marvelous Forest of Our Dream » (avec une intro noise free jazz), « Le tigre en bottes vertes » ou le grandiose et asphyxiant « The Growl And the Relief ». Les variations sur ce nouvel album viennent des échos eighties, des basses new wave et de l’électro pop (« La compagnie de la chanson », « Bass From Funky Jacky), d’une pulsion world due aux rythmiques africaines ou indiennes (« Tomorrow », « Le chemin rapide »), des accents psychédéliques (« Panther’s Rib Cage »), voire carrément planants comme sur ces « Hatching the Light » ou « Voyage vers le cosmos en vaisseau d’argent ». Un autre pan musical est même frôlé avec le prog rock sur « Stop ». Avec, comme constante, des mélodies qui vous happent dès la première écoute, des trouvailles génialement déroutantes, des rythmiques irrésistibles, dansantes ! Pour moi, le meilleur album de La Jungle qui prouve ici, avec cette grande variété dans les compositions, dans les cadences, des ouvertures que nous n’avions pas soupçonnées et tout ceci profile, dessine un futur tout aussi créatif pour eux et attractif pour nous. C’est une banalité de le dire, mais avec cet album, le duo élargit son champ des possibles et rien ne semble vouloir les arrêter. Tout simplement grandiose.