Laurent Bonnot / OuLiPo Quartet: Songs for Louisa

Laurent Bonnot / OuLiPo Quartet: Songs for Louisa

Juste une Trace

Revoici Laurent Bonnot, bassiste (électrique) français, qui nous avait charmés avec ses derniers enregistrements : un disque sous son nom, « Songs for Oscar » (dédié à son fils… Oscar), et ensuite avec un big band, Arteskor Orkestra, dont il est le leader. Ce nouvel album, dont il a écrit toutes les compositions, est cette fois dédié… à sa fille Louisa. À ses côtés, on retrouve des musiciens accomplis : le batteur Eric Echampard et les saxophonistes Christophe Monniot (alto) et le Cubain établi en France, Ricardo Izquierdo (ténor), donc un quartet dénommé OuLiPo Quartet en référence au mouvement littéraire du même nom. On remarque l’absence de tout instrument harmonique : la basse de Laurent Bonnot, avec ses divers effets, joue en quelque sorte ce rôle, ne se contentant pas d’être un élément de la section rythmique. Le disque débute très fort avec « Song for Louisa » et son tempo faussement rock. Très vite, l’alto, puis le ténor entrent dans la danse, jouant tantôt de concert, tantôt prenant un chorus, tantôt dialoguant entre eux ou avec la basse : le groupe nous gratifie de suite d’une ambiance originale et extrêmement élégante. « Ode to My Boy », après une belle introduction à la basse, bien secondée par la batterie, est une ballade assez sereine, mais également dense, où chacun des musiciens est subtilement mis en valeur. « A Treasure Map I Lost » est basé sur des échanges improvisés de plus en plus enlevés entre les saxophonistes. S’ensuit « My Little Sweet » un très court interlude à la basse solo, où Bonnot montre ses capacités techniques, mais aussi et surtout une grande sensibilité. « Funny Gait », sur la base d’un rythme de tango, se développe avec des interventions délicates du ténor et de la basse. Après « The Fast Trap » qui a un côté très rock (surtout grâce à la basse, sonnant davantage comme une guitare), « Velvet Break Up » est un thème tout en douceur avec un beau travail d’Eric Echampard aux balais. « Wooden Planets » clôture l’album sur un mouvement soutenu avec toujours ces dialogues entre ténor et alto, et des chorus bien sentis du ténor et de la batterie.

Des compositions solides et originales, des musiciens brillants formant un ensemble soudé, un emploi non conventionnel de la basse, tout cela conduit à un disque fort et à la fois sensible.

Sergio Liberati