Double Chronique ! Laurent Doumont : Papa Soul Talkin’
Laurent Doumont, Papa Soul Talkin’
“Papa Soul Talkin’” est le titre du dernier album du saxophoniste belge LaurentDoumont. Et Papa Soul, c’est lui tout simplement. Un musicien élevé dans une famille où on écoutait Otis Redding et James Brown. Une personnalité au caractère bien trempé, à l’humour ravageur, parti deux ans à New York pour se frotter à la crème de la crème des vedettes de jazz, et surtout pour ressentir l’âme de cette ville, la nuit et le jour. Toujours une question de soul, on n’en sort pas ! «Papa Soul Talkin’», ce sont quelques jolies balades qui n’auraient pas fait rougir Sonny Rollins, mais aussi des compositions personnelles de boogallo, de soul, la vraie, celle qui lorgne du coté du rhythm and blues, ou qui flirte parfois avec le funky. Des titres qui vous prennent à la gorge, mettent les pieds en ébullition, le fessier en fusion, donnant envie de bouger, de danser, de s’éclater, de monter sur scène ou plus modestement sur la table en criant « Get up, like like a Sex machine !”. Mais le quartet, c’est aussi Vincent Bruyninckx, étonnant pianiste dont le calme apparent tranche avec ses qualités de claviériste et son tempérament de bluesman, fort proche de Billy Preston, la casquette en moins. A la batterie, Lionel Beuvens, véritable métronome du band, en pleine maturité, en totale maîtrise de son art, et enfin un Sal la Rocca toujours aussi monumental, et, pour une fois en contre emploi, tant sont désir de danser autour de sa contrebasse semble évident. Ce sont aussi des cuivres, des trompettes, des voix féminines sur les compositions efficaces de notre Belgian Mister Dynamite. Laurent Doumont, de sa voix de velours, gère tout cela avec brio, s’éclate en dansant, en soufflant avec passion et force, sans jamais oublier les gestes, les mots au public : tout ce répertoire qui fait de lui un jazzman, un soulman, un crooner et un véritable entertainer ! «Papa Soul Talkin’» est un bon album, enregistré dans une atmosphère totalement décontractée mais professionnelle . Une musique pour faire la fête, pour ressentir ce que ce grand Monsieur a encore envie de dire, sur lui, sur sa musique, sur la vie et sur nous aussi ! On oserait presque dire que «Tout est bon dans le Doumont !». Alors, ne laissez passer cet artiste hors du commun, sur disque ou sur scène. Foi de «Papa Soul Talkin’».
Etienne Payen
Membre du groupe de Daniel Romeo de 1999 à 2008, le saxophoniste ténor et chanteur Laurent Doumont a aussi accompagné Boogie Boy et le bluesman Marc Lelangue. En tant que leader, on lui doit les projets Pieces of Silver en l’honneur du pianiste Horace Silver et Alligator Boogaloo dédié au saxophoniste de soul jazz Lou Donaldson, ainsi qu’un premier album en 2001 : Soul Quintet. Dans le livret de ce Papa Soul Talkin’, le Bruxellois prévient: “Ceci n’est pas un disque de jazz”. Les thèmes chantés, de Sunny à Everything I Do Gonna Be Funky, ont pour premier but, dit-il, de “faire danser”, en “quête du groove absolu”. Mais, d’autre part, il ajoute : “Ceci est un disque de jazz : il est servi par quelques-uns des jazzmen les plus aguerris du plat pays.” Tout d’abord les musiciens du trio de base : Vincent Bruyninckx, le pianiste de Fred Delplancq (beaux solos sur Big City et Song For Jojo), Sal La Rocca qu’on ne présente plus et Lionel Beuvens, l’un des batteurs les plus sollicités du pays. A ce propos, écoutez donc les plages instrumentales baignées d’un blues langoureux (Serenity Now, Sleeping Beauties) ou cet intimiste duo ténor-contrebasse sur America The Beautiful. Au répertoire, neuf compositions originales gorgées de groove funky auxquelles viennent s’ajouter quatre classiques. Selon les plages, au quartet de base, vient se joindre une série d’invités : Raf D Backer à l’orgue Hammond (Love Or Leave, Gonna Be A Godfather, Papa Soul Talkin’); Lorenzo Di Maio, le guitariste du quintet de Sal La Rocca, notamment sur Serenity Now et Cocaïne Blues; une section de cuivres, très brass band new orleans, formée de’Olivier Bodson (trompette), Alain Palizeul (trombone) et Carl Delbart (tuba basse sur Love Or Leave), et, enfin, les chanteuses Camille De Bruyne (Love Or Leave) et Chantal Kashala (Sunny). A chacun sa technique d’écoute : les amateurs de soul vocal privilégieront les plages chantées et les esprits plus enclins au blues se limiteront peut-être aux plages instrumentales. Mais on peut tout aussi bien ne rien changer à l’ordre des plages…
Claude Loxhay
http://www.youtube.com/watch?v=qvTbXez-UVk