Le dossier Intervalles du mois ‐ avril: Sly Stone #1

Le dossier Intervalles du mois ‐ avril: Sly Stone #1

En partenariat avec la radio Equinoxe FM (105.0 à Liège et streaming), JazzMania vous proposera tous les mois un dossier musical spécifique. Chaque mois, un thème, toujours sous le signe de la (re)découverte, en mots et en sons.

Sly Stone a influencé bon nombre de grands musiciens, aussi bien dans le monde du jazz (Miles Davis) que dans celui du funk et de la pop music (George Clinton, Prince, …). Pour ce dossier son et mots du mois, nous nous pencherons sur la vie (et les frasques) d’un artiste aussi doué qu’ insaisissable… Voici le premier épisode d’un feuilleton qui en comptera deux…

Intervalles #327 ‐ l’émission du 18 mars 2025 : Sly Stone #1

1. Sly and the Family Stone : Family Affair (« There’s a Riot Goin’on ») ‐ Epic

« Un enfant grandit et aimerait apprendre, et tu aimerais brûler l’autre – Maman les aime tous les deux »… « Family Affair », un titre emblématique de Sly and the Family Stone paru en 1971 et qui introduit ce feuilleton 100% Sly Stone, un génie de la musique funk qui, vous le verrez, a donné beaucoup de fil à retordre à tout son entourage, y compris sa « famille ».

2. Ben Harper & the Blind Boys of Alabama : Take my Hand (« There Will Be a Light ») ‐ Virgin

Sylvester Stewart naît le 15 mars 1943 (il vient juste d’avoir quatre-vingt-deux ans). Il naît à Denton, Texas, dans une famille très croyante qui finit par s’installer en Californie. Et comme dans toute famille croyante, on s’intéresse à la musique. A la maison, on écoute essentiellement du gospel (Mahalia Jackson ou les Blind Boys of Alabama – que l’on vient d’entendre, ici avec Ben Harper). Très jeune, il s’intéresse à la musique. Il chante à l’église puis, au fur et à mesure, il apprend avec une facilité déconcertante le maniement de la guitare, de la basse et de la batterie. A l’école, un camarade se trompe en écrivant le prénom de son ami au tableau : il écrit « Slyvester »… Sly est né et, comme beaucoup de chanteurs à succès de l’époque, il est noir et provient de la Maison de Dieu.

3. Otis Redding : (Sittin’on) The Dock of the Bay (« The Dock of the Bay ») ‐ Volt, Volt, Volt

Les exemples pour Sly sont nombreux. Il y a ses aînés : Sam Cooke, Little Richard ou encore Otis Redding.

4. Sly and the Family Stone : Bad Risk (« A Whole New Thing ») ‐ Epic

Le chemin est très long pour atteindre le succès. Dès 1956 il enregistre un 78 tours avec ses sœurs et ses frères… Sans succès : il y a Stewart Four, puis bien plus tard les Viscaynes, des groupes qui préfigurent la fameuse Family… Rien n’y fait. Sly, par contre, obtient une vraie reconnaissance dans le milieu des DJ, lorsqu’il travaille pour la station KYA, puis KSOL. C’est à ce moment-là qu’il opte définitivement pour le patronyme Sly Stone. Enfin, en 1966, il finit par former son groupe Family Stone qui comprend des membres de sa famille bien sûr, mais aussi de jeunes musiciens, comme Greg Errico et Cynthia Robinson. Ils répètent d’abord des titres à succès qu’ils réarrangent à leur sauce, puis un répertoire original sur base duquel ils signent un contrat avec Epic. Octobre 1967, premier album officiel du groupe Sly and the Family Stone : « A Whole New Thing ».

5. Sly and the Family Stone : Dance to the Music (« Dance to the Music ») ‐ Epic

« A Whole New Thing » est un véritable bide, au point que Sly retourne un moment à ses activités de DJ. Mais il est têtu ! Six mois plus tard, en avril 1968, paraît « Dance to the Music ». L’album lui-même connaît un succès très modeste, mais il est précédé de sa plage titulaire sortie en single. Un single qui passe à la radio et qui entre dans le Top ten du Billboard.

6. Funkadelic : Music for my Mother (« Funkadelic ») ‐ Westbound

Le succès du single leur ouvre des portes : le 10 mai 1968, Sly and the Family Stone ouvrent pour Jimi Hendrix à deux reprises au Fillmore East de New York. Par ailleurs, le futur Empereur du funk, George Clinton, les découvre. Il les jalouse, il les admire et il s’en inspire pour mettre au point les premiers albums de Funkadelic et de Parliament. Funkadelic, 1970, leur premier album éponyme et, décidément, on ne quitte pas les histoires de famille : « Music for my Mother ».

7. Sly and the Family Stone : Fun (« Life ») ‐ Epic

Nous sommes à présent en septembre 1968 et le groupe de Sly publie déjà son troisième album « Life ». « Life » avec un « F », il s’agit bien du troisième album studio de Sly and the Family Stone. Vous aurez compté comme moi : ça nous fait déjà trois albums en moins d’un an ! L’imagination de Sylvester Stewart n’a en effet aucune limite… Et les drogues n’y sont encore pour rien, quoique… Ici encore on parlera de bide commercial, même si le Magazine Rolling Stone lui accorde des éloges. Par contre, simultanément, « Dance to the Music » devient un hit en Angleterre. L’année se termine par un passage au fameux Ed Sullivan Show, ce qui fait décoller leur carrière.

8. Sly and the Family Stone : Don’t Call Me Nigger, Whitey (« Stand ! ») ‐ Epic

La pression ne redescend pas et le quatrième album – celui que beaucoup identifient comme étant le plus essentiel dans la discographie du groupe – « Stand ! » – paraît le 3 mai 1969, juste avant que ne s’organisent deux festivals qui auront un impact immense sur l’histoire de la musique, celle de Sly Stone en particulier. On y reviendra… En attendant, « Stand ! », en plus d’obtenir un bon retour des critiques, obtient également un beau succès commercial. Vous allez l’entendre, le format change lui aussi, les titres sont plus longs, plus travaillés. Extrait de « Stand ! », une chanson symbolique qui s’inspire d’un contrôle des forces militaires qui a mal tourné : « Don’t Call Me Nigger, Whitey »… La traduction me semble inutile…

9. Miles Davis : Sanctuary (« Bitches Brew ») ‐ Sony Music

Revenons-en à ces deux festivals essentiels ! Le premier, c’est le Newport Festival. Un festival basé dans une ville située pas très loin de New York et qui attire d’ordinaire un public de jazz averti. Lors de l’édition de 1969, les organisateurs panachent la programmation, qui comprend aussi bien Herbie Hancock que Led Zeppelin… et bien évidemment Sly and the Family Stone qui joue devant un public survolté (on évite d’ailleurs une émeute de peu). Dans ce public et à l’affiche du festival, il y a un certain Miles Davis qui voit en Sly le futur du jazz. Miles admettra s’être inspiré de la musique de Sly and the Family Stone lorsqu’il a conçu « Bitches Brew ».

10. Sly and the Family Stone : Medley : Dance to the Music / Music Lover / I Want to Take You Higher (« Woodstock, Music from the Original Soundtrack ») ‐ Cotillon

« Bitches Brew », Miles, accompagné ici de Chick Corea, Wayne Shorter et même de deux batteurs, Jack DeJohnette sur le canal de droite et Lenny White sur celui de gauche. On écoutait « Sanctuary », une composition de Wayne Shorter. L’autre festival qui a changé la face musicale du monde, c’est bien évidemment Woodstock, un festival auquel Sly and the Family Stone sont invités à participer. Le groupe est censé jouer le samedi 16 août à 18 heures… Finalement Janis Joplin, qui les précède, leur cède la place sur la scène dans la nuit, à trois heures du matin. La météo, les drogues et la fatigue font leur effet sur les spectateurs, pour la plupart emmitouflés dans leur sac de couchage… Et qui, pourtant, n’oublieront jamais le set que Sly and the Family Stone leur offrira. Un concert considéré comme étant l’un des plus démentiels de l’histoire du rock. On va se faire un immense plaisir : avec un extrait de quatorze minutes de ce concert historique. On aligne « Dance to the Music », « Music Lover » et bien évidemment « I Want to Take You Higher » pour clôturer.

Notre feuilleton Sly and the Family Stone se poursuivra dans un mois… Où il sera davantage question de frasques que de musique malheureusement.

Intervalles sur Equinoxe FM
Chaque mardi à 22 heures (rediffusion le jeudi, 22 heures)

Yves Tassin