Lilananda Jazz Quintet : Phares

Lilananda Jazz Quintet : Phares

Spedidam / Inouïes Distribution

Le collectif Lilananda a été fondé en 2003, en vue de jeter des ponts entre jazz et musique brésilienne, d’où l’album « Bossa 2.0 » qui réunissait le trompettiste français Pierre Drevet et la vocaliste Claire Vaillant, en compagnie du Quatuor Varèse. Parmi les projets du collectif, il y a ce « Lilananda Jazz Quintet » qui réunit, outre Pierre Drevet et Claire Vaillant, Frédéric Larue à la guitare, Etienne Kermarc à la basse et Fabien Rodriguez à la batterie et aux percussions. On avait déjà pu découvrir la très belle osmose entre la trompette de Pierre Drevet et la voix ondoyante de Claire Vaillant sur l’album « Echange » enregistré en 2020 avec le Brussels Jazz Orchestra (chroniqué à l’époque). Pierre Drevet est un trompettiste d’une grande expérience : il a fait partie de l’Orchestre National de Jazz de Laurent Cugny, du Jazz Ensemble de Patrice Caratini et fait partie, depuis 18 ans, du BJO au sein duquel il est un des principaux solistes et un subtil arrangeur. Claire Vaillant est une vocaliste autodidacte très admirative du travail de Norma Winstone en osmose avec Kenny Wheeler, d’où l’album « Sometime Suite » sur une musique de Kenny Wheeler, un album qui sera suivi par « The Road to You », dédié à Pat Metheny. En Pierre Drevet, Claire Vaillant a trouvé le complice idéal. Le chant de la trompette se marie à merveille avec les ondulations de la voix, utilisée comme un instrument à part entière.

Pour l’album « Phares », Pierre Drevet a composé 7 musiques originales, dont « Echange » qui  figure sur l’album gravé avec le BJO. Claire Vaillant a écrit les textes : six en français, un en anglais (« Quasar »). Complète le répertoire, en clin d’œil à la musique brésilienne, « Chovendo na roseira », une composition de Tom Jobim chantée en portugais, sur un arrangement de Pierre Drevet, avec l’apport d’un quatuor à cordes emmené par Johan Véron. Qu’elle chante les paroles écrites pour les musiques de Pierre Drevet ou qu’elle se lance dans de sinueuses vocalises, Claire Vaillant épouse parfaitement le chant de la trompette à la sonorité chatoyante ou du bugle à la sonorité ouatée. Par ailleurs, les textes de Claire Vaillant ont une réelle portée poétique inscrite dans le présent : Fille du désert, née au delà des mers / Fille du désert, de vent et de lumière / Au cours de ton voyage, oh belle Aicha / Miraculée de la guerre et des naufrages / Enfant tu courais libre sur le sable / Mais la vie des femmes du désert est fragile (« Aicha »). Ou encore : Des milles voix que l’on n’entend pas / De celles qui ne comptent pas / Ces voix fortes et joyeuses de guerrière d’ici-bas / De celles que l’on croise et dont on devine les combats (« Sirius »). La beauté des textes se joint à celle de la musique lumineuse de Pierre Drevet.

Claude Loxhay