Lucie Dehli : Homam

Lucie Dehli : Homam

Autoproduction

Le parcours de Lucie Dehli est jalonné de rencontres qui ont chacune donné à sa musique des orientations radicalement différentes. On se souvient qu’à ses débuts (Vicious Circle puis View, avec Stefan Ink, moitié du duo liégeois Ordinaire), celle-ci trouvait refuge dans les structures indépendantes de l’époque (nous sommes aux débuts des 90’s) comme le label légendaire Some Bizarre ou les Nancéens des Disques du Soleil et de l’Acier. C’est aussi dans les 90’s que Lucie et Stefan ont fait une rencontre décisive avec le collectif 48 Cameras, lors d’une tournée au terme de laquelle le couple quitta Paris pour poser définitivement ses bagages à Liège où il poursuivit l’aventure new wave / industrielle sous le nom d’Elephant Leaf. Des goûts musicaux pas totalement abandonnés à l’écoute de « Nyu », le titre qui clôture cet album-ci. Puis Lucie a poursuivi le chemin (presque) seule, s’essayant même au jazz le plus swing.

Avec « Homam » (un nom qui fait référence à un rituel appliqué dans l’hindouisme), Lucie effectue à nouveau un contrepied. Elle prend une nouvelle voie, voire deux voies différentes. Il y a celle de du trip-hop, sans aucun doute. Lucie n’a jamais caché son attirance pour le groupe Portishead. « Right or Wrong », « Homam » et le très réussi « As Real as Water » en sont les meilleurs exemples. Entre ces titres, et si on excepte la plage finale, un vaste espace est cédé à la musique ambient (« The Sylph and the Lion » en particulier, qui s’étend sur plus de dix minutes).

Oui, le parcours musical de Lucie peut sembler déroutant. Il s’est accompli au gré de ses envies, de coups de tête, de coups de sang. Mais toujours avec sincérité. « Homam » en est une étape plutôt réussie.

Yves Tassin