Lucky Dog Au Pelzer Jazz Club
Lucky Dog,
Live @Jacques Pelzer Jazz Club
Evénement exceptionnel, le quartet français Lucky Dog emmené par le saxophoniste Frédéric Borey et le trompettiste Yoann Loustalot a décidé d’enregsitrer son deuxième album au légendaire club du Thier à Liège. Deux dates de concert sont prévues. Le mercredi 8 février, une soirée ouverte au public et la veille un concert réservé aux différents acteurs des médias et des milieux musicaux : la RTBF, la Maison du Jazz, JazzMag, Jazz Hot, Jazzaround, le collectif jazz 04, les responsables du label Fresh Sound New Talent, sur lequel l’album sortira en septembre prochain.
Lucky Dog, qui a déjà joué deux fois au Club Pelzer, comprend Frédéric Borey, saxophoniste ténor qui a poursuivi ses études aux Conservatoires de Nancy et Paris et a enregistré des albums avec Benoît Sourisse, André Charlier ou Pierre Perchaud; Yoan Loustalot, trompettiste issu du Conservatoire de Bordeaux et qui a déjà croisé Dave Liebman, Lee Konitz ou Aldo Romano; Yoni Zelnik, contrebassiste qu’on a entendu, l’an dernier, lors du dernier Jazz à Liège, au sein du quartet de Géraldine Laurent et, enfin, Fred Pasqua, batteur qui a d’abord étudié la percussion classique à Salon de Provence avant de se tourner vers le jazz et jouer avec Louis Winsberg (g), Sophie Alour (saxophone), Olivier Ker Ourio (harmonica).
Contactés séparément, Frédéric Borey et Yoan Loustalot se racontent et expliquent pourquoi ils ont choisi le club liégeois pour enregistrer leur deuxième album: leurs points de vue convergent étonnamment.
Frédéric Borey raconte :
Vous avez gravé un premier album Lucky Dog en 2014, pourquoi choisir le Jazz Club Pelzer pour enregistrer un deuxième ?
En effet, le premier album de Lucky Dog date de 2014, suite à une série de 2 concerts dans la région Bretagne et plus spécifiquement au club ‘Le Piano Barge’. L’enregistrement de l’album s’est effectué à la suite, dans un studio proche du club, un enregistrement ‘live’, c’est à dire dans la même pièce, car nous estimons que notre musique se définit comme une émotion instantanée, un besoin d’être proches les uns des autres physiquement pour un rendu le plus naturel et acoustique possible. Enregistrer au Jacques Pelzer Jazz Club ? Cette décision unanime s’est annoncée suite à 2 passages au sein de ce jazz club ‘mythique’ en l’espace de 2 ans. Nous sommes à chaque fois repartis avec l’envie d’y revenir très très vite ! En dehors de l’accueil très chaleureux de toute l’équipe organisatrice de cet endroit, la scène proprement dite nous parle beaucoup. Nous ressentons comme un ‘cocon’ sonore, une vibration assez étrange dans le bon sens du terme. Le résultat des enregistrements rapidement effectués pour garder des traces de nos prestations, s’est avéré très surprenant, et colle complètement à la musique que nous cherchons à défendre. C’est idéal ! Une prise en 2 pistes, avec un public comme soutien émotionnel, un de nos rêves pour notre prochain album, sans retouches, dans l’instant…
Quel sera le répertoire ?
Depuis presque 6 mois, nous travaillons sur un tout nouveau répertoire, dans la lignée de notre premier album, mais avec une influence plus marquée vers une musique qui nous parle à tous, des références communes autour des collaborations musicales telles que Steve Lacy & Don Cherry, Dewey Redman-Don Cherry-Ed Blackwell-Charlie Haden, George Russell…mais avec une réflexion principale qui s’appuie sur un ‘interplay’ constant, sans réellement de leader, une écoute interactive, une rigueur musicale, un partage émotionnel dans lequel nous essayons de marier calme et impatience, quiétude et emportement, délicatesse et dureté…
Vous avez prévu deux concerts…
Nous jouerons à Paris le lundi 6 février, sur la Péniche Marcounet, un lieu de diffusion dans lequel nous présenterons notre nouveau répertoire et annoncerons notre voyage pour Liège afin de concrétiser cette nouvelle aventure de Lucky Dog. Dès le mardi 7 février, nous serons présents au Jacques Pelzer Jazz Club et, grâce à la magnifique collaboration de l’équipe de programmation que sont Marc et Sophie, ainsi que toutes les personnes qui les entourent au sein de ce jazz club, nous accueillerons toutes les personnalités jazzistiques et autres possibles (presse, radios, associations, musiciens…), pour un concert ‘privé’, qui sera enregistré dans le cadre de notre prochain album.
Une deuxième soirée aura lieu dès le lendemain, mercredi 08 février, dans le cadre de la programmation officielle du jazz club. Un concert pour le public, qui sera également enregistré ‘live’ !! Entre temps, je serai personnellement en ‘Workshop’ le mercredi 8 février de 16h à 18h à la Maison TASSET de Liège, en collaboration avec D’Addario Woodwinds, une société qui représente le type d’anches que j’utilise sur mon saxophone depuis plusieurs années.
Comment ce quartet s’est-il formé ?
Ce quartet est né suite à ma rencontre avec Yoann Loustalot, lors de mes années passées à Bordeaux entre 2008 et 2012. Nous avions travaillé ensemble sur un projet intitulé ‘Recycling Songs’ en quintet (trompette, saxophone, piano, contrebasse, batterie), qui consistait à écrire des démarcations sur des standards de jazz. Ce projet s’est annoncé très intéressant, malgré sa faible exportation. Nous l’avons présenté régionalement en Aquitaine au sein de plusieurs programmations. Yoann a quitté Bordeaux quelques temps avant moi, et j’ai également quitté cette magnifique ville pour venir m’installer à Paris en 2012. Mon souvenir musical avec Yoann était resté très positivement gravé dans mon esprit…une personnalité extraordinairement musicale avec laquelle tout a collé dès le début. Musicalité, expression, justesse d’intonation, goûts…Nous avons repris un vrai contact professionnel en 2013, avec l’idée de poursuivre une aventure qui s’était éteinte trop tôt. Nous avons également abandonné les démarcations pour la composition en pianoless quartet (trompette, saxophone, contrebasse, batterie), et, de là, est né Lucky Dog, avec un choix très réfléchi pour la composition de la rythmique, Yoni Zelnik et Fred Pasqua. Un tandem né depuis plusieurs années dans différents projets nationaux et internationaux.
Auparavant, vous avez enregistré avec Benoît Sourisse et André Charlier…
L’album de 2002 fut mon premier enregistrement en tant que leader. Benoît et André, que je côtoyais au sein du Centre des Musiques Didier Lockwood, en tant qu’intervenant pédagogique depuis 2001, m’ont fortement motivé à réaliser ce premier ‘opus’. C’est en grâce partie grâce à eux que mon aventure discographique a débutée en effet !! Depuis, j’ai réalisé 6 albums en tant que leader avec différents musiciens : “Wink” avec Michael Felberbaum (guitare), Leonardo Montana (piano), Yoni Zelnik (contrebasse), Fred Pasqua (batterie) – sur le label Fresh Sounds New Talent Records en 2015, “The Option” avec Inbar Fridman (guitare), Camélia BenNaceur (piano), Florent Nisse (contrebasse), Stefano Lucchini (batterie), déjà sur Fresh Sounds New Talent Records en 2012, “Lines” avec Camelia BenNaceur (piano), Nolwenn Leizour (contrebasse), Stefano Lucchini (batterie) en 2010, “Maria” avec Pierre Perchaud (guitare), Clément Landais (contrebasse), Eric Bedoucha (batterie) en 2008, “September Sound” avec Gilles Grignon (guitare), Clément Landais (contrebasse), Eric Bedoucha (batterie), une auto-Production en 2004 et “Prologue” avec Benoît Sourisse (orgue Hammond) et André Charlier (batterie), pour le label Visages du Saxophone en 2002. Par ailleurs, le projet UNITRIO aux côtés de Damien Argentiéri (orgue Hammond) et Alain Tissot (batterie), existe depuis 10 ans et prépare son troisième album, qui sortira sur le même label.
Yoann Loustalot raconte :
Pourquoi avoir choisi le Jazz Club Pelzer ?
Nous y étions déjà venus à plusieurs reprises , nous avons trouvé l’endroit vraiment chaud, Il est rare de recevoir un accueil aussi chaleureux et simple ! Le son sur scène acoustique est parfait, nous nous sommes sentis à chaque fois très bien pour jouer. Après notre dernier concert en mai dernier, nous avons réécouté l’enregistrement de Marc juste après le gig, et nous nous sommes de suite mis d’accord pour revenir enregistrer le prochain album de la même manière, à savoir avec 2 micros. L’évidence nous est apparue dans la soirée que ce groupe méritait d’être enregistré en live sans aucun trafic, ,avec un son direct. Le lieu et l’accueil nous ont paru parfaits pour réaliser cet enregistrement. Le public est aussi génial, très attentif et réactif, c’est hyper agréable ! Marc et Sophie qui gèrent le club sont des personnes formidables et ils ont accepté cette proposition de suite.Toutes les conditions étaient réunies. Nous en avons ensuite parlé à Jordi Pujol du Label Fresh Sound,qui nous soutient depuis le premier disque et pour d’autres projets depuis quelques années et l’idée l’a séduit aussi ! L’album sortira en septembre 2017. C’est génial parce que tout s’enchaine, sans encombres, et je dois mettre une mention d’honneur à Jordi, qui va à fond dans notre sens, sans nous poser de conditions, c’est exceptionnel, cet homme est rare et agit uniquement pour la musique!
Comment le quartet s’est-il formé?
Nous avons formé Lucky Dog il y a quelques années, avec Fred Borey, en faisant appel à Yoni Zelnik et Fred Pasqua. Je connaissais Fred de l’époque où nous habitions à Bordeaux: nous avions déjà collaboré sur d’autres projets , notamment un groupe dans lequel nous jouions des démarcations de standards composées par nos soins ! Ça s’appelait recycling songs. Nous nous sommes toujours très bien entendus avec Fred, et ça a toujours très bien fonctionné musicalement entre nous, nous jouons assez juste ensemble sans nous forcer. Bref , ça se passe bien depuis le début et nous avons eu envie de continuer en faisant un quartet un peu plus fou. Nous avons fait appel à Yoni avec qui je joue depuis très longtemps et à Fred Pasqua avec qui je jouais déjà aussi dans d’autres formations ; Yoni et Fred forment une rythmique vraiment efficace! Ils jouent beaucoup tous les deux, avec beaucoup de monde différent. Ils sont tout terrain et hyper investis dans le groupe, avec eux nous pouvons partir où nous voulons. Lucky Dog est une aventure de groupe: tous les quatre, nous travaillons beaucoup les directions de chaque morceau et chacun propose ses idées, même si c’est moi et Fred qui amenons les compositions.Nous avons tous les deux un style d’écriture totalement différent, mais ils se complètent très bien. C’est de la matière première mais nous laissons chacun libre, et les morceaux se transforment parfois complètement, et n’ont plus rien à voir avec la partition initiale, c’est ça qui est intéressant ; ça fait le son du groupe aussi. Nous nous autorisons à peu près tout avec ce groupe depuis le départ. C’est amusant et risqué, mais ça donne des choses parfois vraiment inattendues. Nous nous amusons et rions aussi beaucoup avec cette équipe, donc c’est à chaque fois un plaisir de partir jouer.
Vous aviez déjà rencontré Frédéric Borey pour l’album The Option…
Oui, Fred m’a invité sur The Option à l’époque où nous jouions ensemble avec Recycling songs, nous nous connaissions déjà bien … Pour The Option , la formation de Fred existait depuis longtemps, c’est donc différent, car j’avais joué seulement sur 2 ou 3 morceaux des arrangements précis et des solos, que Fred avait prévu. C’était une expérience très sympa. C’est hyper agréable de bosser avec Fred, car il est passionné, il est aussi très carré et très organisé et puis très drôle donc on ne s’ennuie jamais.
Par ailleurs, vous jouez en trio, l’un avec piano, l’autre avec basse et batterie…
Oui, j’ai un trio avec François Chesnel au piano et Antoine Paganotti à la batterie, c’est donc un groupe sans basse dans lequel nous jouons une musique très aérée. François et Antoine sont de formidables musiciens avec qui je joue aussi depuis très longtemps. Nous avons fait un premier disque avec ce groupe qui a été très apprécié en France « Pièce en forme de Flocons », ça a été enregistré aussi complètement live.J’aime beaucoup ce disque, le son est très naturel. Nous répétons très peu avec ce groupe, pour ne pas casser la spontanéité musicale qui nous semble fonctionner entre tous les trois, il y aussi beaucoup d’improvisation. Ce n’est pas une règle valable pour tous les groupes et toutes les musiques, attention, je ne prêche pas le rien faire ! J’en profite pour dire que, le disque est sorti sur le Label Bruit Chic que j’ai fondé, et est maintenant distribué par L’autre Distribution . C’est une chance que nous avons avec ce label.
En effet, j’ai aussi le trio Aérophone depuis 8 ans, avec Fred Pasqua à la batterie et Blaise Chevallier à la contrebasse. C’est encore une formule périlleuse, sans harmonie, l’idée était de mettre en valeur le son de l’aérophone, sans artifice. J’adore ce groupe, qui a été vraiment pour moi, depuis le départ, un véritable laboratoire de création. J’y ai osé amener tous les morceaux que je n’osais pas proposer dans d’autres groupes de jazz. Des bribes de choses griffonnées: en avant, on les essaye, on cherche et ça donne des trucs chouettes ou pas, on garde ou on jette. Nous avons eu la chance d’enregistrer 2 disques avec ce groupe dont le premier chez Fresh Sound et un chez Bruit Chic.Nous venons d’enregistrer: le 3ème album sortira le 28 avril via Bruit Chic/L’autre distribution aussi, et pour celui-ci, il y a Glenn Ferris avec nous au trombone….Le trio se transforme parfois en quartet.
Propos recueillis par Claude Loxhay