Makram Aboul Hosn : Transmigration

Makram Aboul Hosn : Transmigration

IOIOI Makra Music / Jazz Fuel

Initialement, ce contrebassiste compositeur libanais renommé et impliqué dans de nombreux projets à Beyrouth (aussi bien rock, ethnique que classique), devait parcourir l’Europe et enregistrer son second album avec différents musiciens dans divers pays. La crise sanitaire a changé le projet et c’est en quintet, avec des musiciens locaux et quelques guest, que cette réalisation à vu le jour au Liban. Outre Makram, le groupe se compose de deux saxophonistes (qui utilisent quatre sax différents ainsi qu’une flûte), d’un batteur également présent au vibraphone et d’un percussionniste. Parmi les invités figurent, chacun sur un titre, le vibraphoniste américain Joe Locke, un second flûtiste et la chanteuse Sima Itayim qui n’interviendra que sur « WWMD », le morceau le plus contemporain, dans la veine d’Aksak Maboul ! « Transmigration » nous propose un beau voyage au sein d’un jazz relativement singulier de par l’omniprésence des cuivres et d’un magnifique son de basse. Quant à la section rythmique, elle déroule juste l’envie de vous faire bouger avec un bon swing rappelant aussi bien le passé que les tendances actuelles. Et quand se fait entendre le vibraphone, difficile de ne pas avoir une pensée pour notre Sadi national ! Ecoutez ce « Mine or blues » (avec Joe Locke) pour y déceler ce rapprochement. Tant que nous sommes dans le passé, il est impossible de ne pas évoquer les accents free proches de Mingus et de Monk ainsi que quelques rapports avec les big bands. Les surprises viendront de « Intro to Modjadji » et sa suite « Modjadji » carrément ethno jazz, de l’association jazz et musique classique sur la reprise de « Someday my Prince Will Come » de Frank Churchill (popularisée par le dessin animé de Walt Disney) et sur deux titres déroutants assez proches d’une marche : « Papa Bear » et « Let me Finish » qui termine cet album de façon évidente. Il reste à espérer que Makram, sa musique et ses musiciens parviendront à s’extraire de leur pays, que la situation sanitaire mondiale évoluera dans le bon sens et qu’un tourneur les amènera dans nos contrées. Je pense sincèrement que sur scène, en live, ce groupe nous fera passer de bons moments, relativement inédits. En attendant, soyez curieux et découvrez cette musique d’un pays d’où trop peu de sons nous parviennent !

Claudy Jalet