Massimiliano Rolff : Adventures on Magia

Massimiliano Rolff : Adventures on Magia

Challenge Records / New Arts International

Né sur la Riviera italienne, le bassiste Massimiliano Rolff joue du jazz depuis une décennie et demie et a déjà sorti huit albums sous son nom. L’année dernière, son hommage réussi à Gershwin (« Gershwin on Air – Porgy, Bess and Beyond ») restituait quelques thèmes du grand compositeur américain dans une vision moderne plaçant la contrebasse au centre d’arrangements écrits pour un trio. Le revoici aujourd’hui avec « Adventures on Magia », un album plus ambitieux qui offre onze nouveaux morceaux, tous de la plume du leader, arrangés pour un septet augmenté d’un quatuor à cordes.

En ouverture du répertoire, « Where Do We Belong ? » surprend par la somptuosité de son écrin. Introduit par la contrebasse, ce morceau aux accents latins discrets sonne comme une épiphanie sonore. L’arrangement est d’une clarté lumineuse et les solistes (trombone, saxophone alto, piano, percussions) qui font nonchalamment la file, déroulent leurs chorus chacun à leur tour sur de chatoyants accords. L’ambiance est relax et le thème a quelque chose d’alangui qui invite au farniente. Quant au quatuor, il est utilisé avec discrétion, surimposé aux instruments à vent pour rehausser les harmonies dans une perspective de jazz européen. L’album entier est d’ailleurs noyé dans une joie de vivre alliée à une douceur toute méditerranéenne. Tout ce qu’il vous faut, c’est une chaise longue et des oreillettes : des titres comme « La Luz De Abril » ou « Mediterraneo Chant » feront le reste en vous emportant plus vite qu’une vague de Malibu.

S’il fallait désigner un style de jazz correspondant à cette musique, ce serait sans aucun doute le jazz West Coast, celui de la Californie avec ses palmiers, ses plages dorées, son ciel bleu cobalt et ses cocktails multicolores. Après tout, sur les posters publicitaires, la Riviera n’apparaît pas si différente de ces images de paradis terrestre : ce sont les mêmes merveilleux rivages qui procurent détente, amour et plaisir, trois ingrédients indispensables pour rythmer la musique ensoleillée de ces contrées privilégiées. En tout cas, peut-être sans préméditation, Massimiliano Rolff en a retrouvé l’essence et la perfection : son orchestre sonne comme un mini big band à mi-chemin entre rigueur et hédonisme.

Pierre Dulieu