Mike Pride : I Hate Work
Quel rapport existe-t-il entre ce trio jazz piano-basse-batterie et un des groupes punk américains les plus hardcore qui soient, à savoir MDC ? Le batteur et claviériste new-yorkais Mike Pride, entendu auprès de musiciens tels Anthony Braxton, John Zorn ou Tim Berne, à la tête de ce trio (avec Jamie Saft aux claviers et Brad Jones à la contrebasse), a officié pendant plus de deux ans au sein de MDC il y a une vingtaine d’années et a maintenu une relation d’amitié avec les membres du groupe. Il a eu l’idée de s’inspirer de nombreux morceaux de leur 1er album, leur plus connu, « Millions of Dead Cops », et de « broder autour », de les transformer. Alors que MDC interprète ses compositions à un débit extrêmement rapide (avec la conséquence que la durée des morceaux est, en moyenne, d’une minute 30), Mike Pride a ralenti fortement la cadence (l’album dure presque une heure pour 10 compositions) et a revisité complètement ces morceaux, à un point tel qu’il s’approprie la paternité des compositions et ce avec l’accord de MDC et de leur leader Dave Dictor (qui chante sur un morceau, « I Hate Work », prouvant ses réelles capacités vocales). Cela nous donne un album aux couleurs les plus diverses, allant d’un jazz traditionnel à des sonorités plus rock, voire des ambiances avant-gardistes, avec des invités, lesquels amplifient cette diversité (3 titres sont chantés : outre Dave Dictor, JG Thirlwell et Sam Mickens interprètent chacun un morceau et le guitariste Mick Barr, plus connu dans le monde du heavy rock, est présent sur deux titres). A noter également que deux compositions ne sont pas inspirées par MDC : « Annie Olivia » et « She Wants a Partner with a Lust for Life », respectivement dédiés à la fille et à l’épouse de Mike Pride. Ces deux titres, aux sons parfois étranges, joués sur des rythmes assez lents, sont sublimes et confirment la grande originalité du travail de Mike Pride. Très recommandable.