Nicolas Fiszman : Nicolas Fiszman
À 58 ans, le guitariste et bassiste Nicolas Fiszman peut se prévaloir d’une carrière qui couvre plus de 40 années de musique professionnelle. Il a accompagné tellement d’artistes que leur liste complète dépasserait l’espace réservé à cette chronique, certains dans le style jazz (notamment Philip Catherine, Christian Escoudé, Dominic Miller, Joe Zawinul et Toots Thielemans) et beaucoup d’autres dans le domaine de la musique populaire (Maurane, Alain Bashung, Francis Cabrel, Viktor Lazlo et Sting pour n’en citer que quelques-uns). Mais jusqu’à présent, il n’avait jamais proposé un projet sous son seul nom. C’est désormais chose faite avec cet album qui reflète ce qu’il aime, ce qui l’a influencé et, en fin de compte, ce qu’il est vraiment.
Mélange d’anciennes compositions accumulées au cours des années et de nouvelle écrites pour l’occasion, le répertoire présente douze morceaux qui ressemblent à des chansons sans paroles. On y trouve un titre composé à l’origine pour Maurane ; une ancienne chanson écrite en collaboration avec Khadja Nin ici interprétée en version instrumentale ( « Sesiliya » ) ; un hommage à Toots Thielemans et au chanteur brésilien Ivan Guimaraes Lins ( « Jean-Baptiste & Ivan » ) ; des ballades épurées aux ambiances paisibles ( « Are We Done ? » , « Gilles & Shangu » ) ; des morceaux qui groovent en douceur ( « Freddy » ) ainsi que des thèmes mélodieux qui coulent naturellement et auxquels il ne manque que des textes que quelqu’un écrira peut-être un jour. Nicolas s’étant cette fois concentré uniquement sur la guitare, la basse a été confiée à Nic Thys tandis que le batteur Ziv Ravitz, le trompettiste Olivier Bodson et le saxophoniste Frank Deruytter complètent le quintet de base. Quelques musiciens supplémentaires ont été invités au fil des plages comme Tuur Florizoone (accordéon), les pianistes Arnould Massart et Nicola Andrioli, et Philip Catherine qu’on entend soloter sur « Jean-Baptiste & Ivan ». Les morceaux sont concis, les arrangements millimétrés et les improvisations courtes (mais bonnes comme celle de Nicolas à la guitare sur « Broken Light » ou de Frank au saxophone sur « Freddy » ) et si l’esthétique jazz est bien présente, elle est toujours en demi-teintes conformément à la vision du leader.
Ce disque éponyme séduira beaucoup de mélomanes, y compris ceux en dehors de la jazzosphère qui penseront derechef « qu’ils n’aiment pas le jazz, mais que ça, ils aiment bien » !
Nicolas Fiszman en concert à Flagey (Bruxelles), le samedi 27 mai.