Nicolas Folmer : Breathe

Nicolas Folmer : Breathe

Cristal Records

Musicien très éclectique aussi à l’aise dans un big band qu’en petite formation, le trompettiste Nicolas Folmer s’est confronté dans sa carrière à toutes sortes de musiques incluant la chanson française, des musiques latines, de la fusion et bien sûr du jazz qu’il a joué en compagnie d’une myriade d’artistes internationaux. Son album de 2019, « So Miles », dédié à Miles Davis, est encore dans toutes les mémoires mais aujourd’hui, le voilà de retour avec un nouveau projet qui opère d’autres synthèses.

Le titre « Open Mind » qui ouvre l’album résume l’idée : c’est bien à un esprit ouvert qu’on a affaire, le jazz se mélangeant ici à des sons électros pour une musique à la lenteur suggestive portée par un groove actuel. Ecrit pendant le premier confinement en mars 2020, ce nouveau répertoire est, selon son auteur, le résultat d’une profonde introspection. Pour autant, il traduit aussi des envies d’ailleurs et de liberté, de communication sociale et de mélange des cultures. L’essence d’un morceau comme « Marseille Agadir » n’est pas si éloignée de celle de l’électro chaabi scandé par les jeunes des quartiers populaires du Caire. On y fusionne les sons et les styles et on imagine volontiers qu’au-delà de la musique, vit une conscience politique contestataire qui s’insurge contre l’injustice sociale.

En dépit d’un certain minimalisme propre aux beats électros et à la transe, la flamme du jazz brille encore dans ces morceaux qui se parent de solos réjouissants : de trompette bien sûr, délivrés par le leader lui-même, mais aussi de guitare électrique, par un Olivier Louvel très inspiré sur « Marseille Agadir » et de claviers, par Laurent Coulondre, dont on épinglera les notes « spatiales » de piano qui tombent comme des gouttes de lumière dans le très atmosphérique « Space Mystery ». Le très nuancé « Breathe », majestueuse composition subaquatique, est lui aussi habité par un piano acoustique à la beauté méditative joué par Vincent Bidal en invité.

Le compact offre également des versions « Radio Edit » de tous les titres. Considérablement raccourcies et épurées, leur usage est évidemment autre sans toutefois rien ajouter au répertoire principal qui, avec ses 47 minutes, suffit largement pour être totalement séduit.

Pierre Dulieu