Penguin Cafe : A Matter of Life 2021
Erased Tapes Records / Konkurrent
Après la mort en 1997 de Simon Jeffes âgé de 49 ans, son fils Arthur décida de poursuivre l’œuvre musicale que son père avait élaborée au sein du célèbre Penguin Cafe Orchestra. Il créa ainsi un nouveau projet baptisé Penguin Cafe qui reprit à son compte le folklore imaginaire et joyeux, mâtiné de musique de chambre et d’expérimentations sonores dans un style minimaliste, voire « ambient » (Brian Eno fut le producteur de leur premier album paru en 1976), qui fit le succès de l’Orchestra. Ainsi, quatorze années après la disparition de son inspirateur, Arthur sortit « A Matter of Life » qui comprend onze compositions originales écrites et interprétées dans l’esprit du Penguin Cafe Orchestra. En dépit de leur complexité sous-jacente et de la méticulosité avec laquelle elles ont été agencées, ces petites miniatures coulent avec fraîcheur, happant l’oreille par leurs atmosphères miroitantes, suscitant des émotions aussi subtiles que changeantes, ravivant d’anciennes mélancolies oubliées. Emporté par le charme de ces pièces touchantes dominées par le piano et les cordes, c’est à peine si l’auditeur remarque l’emploi intelligemment intégré d’instruments inusités comme des cornemuses de Northumberland sur « Landau », un ukulélé sur « Two Beans Shaker », ou une petite guitare « cuatro » à quatre cordes donnant quelques couleurs latines à « Pale Peach Jukebox » et à « Ghost in the Pond ».
Dix années encore plus tard, Arthur Jeffes a pensé qu’il était temps de célébrer la sortie du premier opus de Penguin Cafe dont le nom initial a été pour l’occasion assorti de la date 2021. Complètement remastérisé, l’album a aussi été pressé en vinyle pour la première fois, tandis que la pochette repensée, d’un belle couleur jaune attrayante, respecte le thème original qui semble souligner une filiation esthétique entre le « grand pingouin » et sa descendance. Pas de titres oubliés ou alternatifs en bonus sur cette réédition, la seule différence avec l’album original consistant en une nouvelle version enregistrée de « Harry Piers », une ode qui fut écrite par Arthur pour être jouée au service commémoratif de son père en 1997. Même si elle a évolué, cette composition jouée au piano seul m’évoque toujours un grand saule solitaire en train de pleurer au bord d’une rivière.