Pépites #26, Around Jazz
Around Jazz, quelques pépites…
C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.
Aaron Parks, Little Big
Dès son plus jeune âge, le claviériste Aaron Parks a été auréolé de succès. Le talent, c’est sûr, il l’a ! Après un passage initiatique chez le trompettiste Terence Blanchard (quatre albums), Aaron Parks se sent pousser les ailes qui lui permettront de fonder le quartet James Farm (featuring entre autres Joshua Redman) puis de s’envoler vers les labels prestigieux du jazz (Blue Note, ECM). Le voici en formation « Little Big » electro-acoustique où se croisent la modernité d’un Portico Quartet et la pureté d’un Pat Metheny Group (la filiation Pat Metheny/Lyle Mays est parfois flagrante – cf. Siren, The Fool). « Little Big » est un disque bipolaire qui change d’humeur selon l’instrument que le claviériste choisit d’utiliser (le piano acoustique ou un instrument électrifié). Et si, on l’admet, on aurait pu faire un peu plus court (septante-quatre minutes tout de même), on fond néanmoins sous le charme des mélodies au goût prononcé et sous les sonorités douces, vestiges d’un passage éclairé chez ECM. Beau ! Très beau !
Kim Myhr, You | Me
Retour aux Fjords norvégiens. Cela faisait un moment qu’on ne les avait plus parcourus. De Kim Myhr, on connaissait essentiellement ses travaux de gros œuvre écrits pour le compte du Trondheim Jazz Orchestra, au sein duquel il côtoyait aussi bien Sidsel Endresen que Christian Wallumrod. A partir de 2014, ce jeune avant-gardiste réduit quelque peu l’étendue de son entourage en se consacrant à une carrière solo nettement plus exploratrice. Il s’est en effet donné pour mission de repousser les limites de son instrument de prédilection (la guitare en général, la douze-cordes acoustique en particulier) à un paroxysme sonore étonnant. Pour ce deuxième cédé enregistré pour le compte du label défricheur Hubro Music, Kim Myhr s’est entouré de percussionnistes qui offrent aux deux longues boucles sonores, une assise rythmique hypnotique. Reste à superposer les couches dans le bon sens d’une lasagne ragoûtante. Oserions-nous citer Steve Reich ? Et plus particulièrement son Electric Counterpoint composé pour Pat Metheny ? Oui, nous osons…
Phoenician Drive, Phoenician Drive
Bruxelles la cosmopolite. Trois Français, un Chilien, un Espagnol et un Belge. Et à l’addition de ce patchwork, Phoenician Drive, un groupe de fusion qui ne mixe absolument pas les sons des pays dont il se compose. Leur musique lorgne plutôt vers l’Est, les Balkans et les traditions klezmers. Du rock d’arrière-boutique au casatchok psychédélique, en empruntant sur le chemin, guitares, darboukas et tant d’autres instruments. Une musique finalement pas si éloignée de celle de nos chouchous du moment (soit le Condor Gruppe), qui donne à cette véritable confiture bio, le goût du fuit défendu. A découvrir en concert : Festival « We Are Open » au Trix d’Anvers ce 8 février, Yellow Stock Festival (Geel) du 9 au 11 août.
Joseph « YT » Boulier