Pépites #40, Around Jazz
Around Jazz, quelques pépites…
C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.
Kangling, Graceful Machines
Axel Gilain n’est pas un parfait inconnu. Cet ancien élève de Garrett List promène son feutre et sa silhouette sombres sur les scènes du jazz belge depuis quelques temps déjà. Citons entre autres ses piges pour Melanie De Biasio, une belle référence ça ! On le retrouve ici à la tête (mais aussi au(x) chant(s) et à la guitare) d’un groupe aux allures modernes qui puise son inspiration du côté des traditions séculaires de la musique soul. En effet, si le Kangling est un instrument à vent tibétain, les références à cette culture s’arrêteront là. «Graceful Machines» fait suite à un premier album «Echoes of Distant Voices» que nous avons manqué. Heureusement, les plats repassent… Il aurait été hautement dommageable de louper les petits bijoux qui scintillent ça et là sur ce deuxième effort. Comme cet Eternity inaugural qui annonce la couleur groovy de l’album. Ou ce The Devils Knows Me qui réussit l’exploit de tutoyer la musique d’Archive. Comme ce Stand enfin qui pourrait (presque) être un inédit de Prince. On ne va pas vous mentir : tout n’est pas excellent… Juste une bonne partie. Et ça, c’est déjà pas mal !
Snowdrops,
Manta Ray
Il y a des rencontres qui vous marquent. Notre vie elle-même se construit sur la base de rendez-vous fortuits. Comme ce jour où j’ai rencontré Christine Ott. Nous devions nous voir à Liège, où elle présentait le ciné-concert « Tabu » à l’invitation du Festival Voix de Femmes. Nous avions abordé le statut des artistes de l’ombre (celui de la femme dans la culture en particulier), le cinéma, les musiques (notamment l’instrument dont elle est l’experte reconnue : les ondes Martenot). Nous nous étions jurés de nous revoir… Des promesses tenues ! Cette petite introduction pour mettre en évidence les qualités humaines et la sensibilité qui personnalisent la musicienne alsacienne. Son existence sera embellies d’autres rencontres. Comme celle du réalisateur thaïlandais Phuttiphong Aroonpheng. Celui-ci souhaite que les ambiances sonores qui habilleront son film «Manta Ray» se démarquent de la musique asiatique traditionnelle. Lui aussi : une rencontre avec Christine Ott le confortera dans la justesse de ses choix. Néanmoins, la claviériste optera pour une combinaison à deux, l’option Snowdrops qu’elle partage avec le metteur en sons Mathieu Gabry. Avec pour outils les synthétiseurs analogiques, les ondes Martenot ou le mellotron, le duo échafaudera un univers poétique et suggestif aux frontières de la musique concrète. En interaction sensorielle avec des images que nous avons hâte de voir. Au fait, «Manta Ray» a été primé au Festival de Venise. La musique de Snowdrops y a probablement contribué un peu…
Brockett Parsons,
The Brockettship
Brockett Parsons est surtout connu pour son rôle dans la création du PianoArc, un clavier circulaire qui se déploie sur 360°. Puis aussi pour être le claviériste attitré de Lady Gaga. Mais bien évidemment, il en faut beaucoup plus pour racoler un chroniqueur de Jazz Around… On nous la fait pas aussi facilement ! Je pousse donc sur la touche « play » et la rondelle entame sa ronde folle dans le lecteur. Quelques notes de piano jazz puis quelques mots : « New-York… ». La Grosse Pomme, dont les humeurs nous poursuivront durant toute l’écoute de ce “Brockettship” teinté de bleu. De bleu foncé même, lorsque le hip-hop s’invite de façon impétueuse sur l’une ou l’autre plage remarquable. Au fil des écoutes, on finit par regretter que Brockett Parsons ne se soit pas émancipé un peu plus tôt de son job auprès de la chanteuse fantasque. Certes, les dérapages existent, mais ils sont relativement rares. Et ce qui s’apparentait à un premier essai lamentablement loupé s’avère finalement être une belle et inattendue réussite. Ne jamais préjuger…
Joseph « YT » Boulier