Peter Orins : Dead Dead Gang
Infatigable, insatiable Peter Orins. Depuis sa Malterie de Lille où il tient laboratoire et observatoire, il planifie et coordonne moult opérations, actions, contractions avec un nombre impressionnant de musiciens, de musiciennes. Nous nous en faisons occasionnellement l’écho dans nos pages. Ce nouveau projet le trouve aux côtés de Maryline Pruvost qui prête sa voix et joue de l’harmonium indien, de Barbara Dang au piano et de Gordon Pym à l’électronique et aux objets amplifiés. A quatre, ils mettent en sons et en rythmes une pièce musicale composée par Orins, mais construite lors d’une résidence collective inspirée de l’épique roman « Jérusalem » (1.300 pages…) de l’écrivain britannique Alan Moore. Le disque se décline en quatre longues plages qui sont ponctuées à la fois par la rythmique régnante, aventureuse d’Orins et par la voix scandante, mobilisante de Pruvost. Il ne faut pas chercher dans « Dead Dead Gang » la retranscription musicale du roman, mais plutôt y voir son anamorphose, dès lors que le livre comporte en son sein sa part de musicalité. Celle évoquée, imaginée, des rues de la ville sainte et des différents langages qui y circulent, mais aussi des rites qui les accompagnent. « Up the Pub », qui clôture l’album, prend une tournure étouffante, anxiogène. Pruvost suggère un micro-drame dont on ne sait au juste s’il est sur le point d’éclater ou s’il a déjà eu lieu. A l’image peut-être du devenir de Jérusalem…