Portico Quartet : Monument

Portico Quartet : Monument

Gondwana / N.E.W.S.

La pochette ne vous apportera aucune information : 10 titres, c’est à peu près tout. Rien au sujet du line-up. Qui fait encore quoi au sein du Portico Quartet aujourd’hui ? On peut penser que le duo Jack Wyllie (saxophones & autres) / Duncan Bellamy (batterie & autres) en a pris les commandes. A défaut, une fois encore, on plonge alors dans le passé de ce groupe de jazz (oui, de jazz…) qui a bousculé nos certitudes avec enthousiasme et audace. Bien sûr, l’utilisation d’un instrument insolite comme le hang-drum a aussi attiré l’attention et convaincu les curieux. Un début de carrière chez Real World (le label de musiques du monde de Peter Gabriel) avant une courte rupture au sein du groupe lors d’une signature chez Ninja Tune (le label de musiques électroniques) ont démontré que le Portico (qui a parfois perdu l’affixe « quartet ») visait large et qu’il serait vain de l’emprisonner dans le seul genre musical « jazz »… Une caractéristique que l’on rencontre chez bon nombre de musiciens anglais aujourd’hui, quinze ans après la sortie du premier album des Londoniens.

On le voit, la vie du Portico n’est pas un long fleuve tranquille, même si les fondations musicales semblent être un peu plus stables depuis la signature du groupe chez Gondwana, il y a cinq ans. Quoique… Un peu à la surprise générale (mais sans que cela ne fasse trop de vagues), le Portico Quartet nous a proposé il y a un an « Terrain », un album minimaliste et ambient, trois vastes étendues aux effets déroutants. A l’époque, nous avions assisté à un concert époustouflant et intense qui nous rassurait quant à la suite qui serait donnée au « Terrain », soit ce « Monument » que l’on découvre aujourd’hui et dont on apprend que les titres ont été enregistrés lors de la même session.

Les ingrédients qui nous avaient si bien plus lors de cette soirée liégeoise sont resservis intacts dans notre assiette aujourd’hui. Les envolées du saxophone, l’intensité, les breaks suggérés (que l’on doit au jeu remarquable de Bellamy), le groove, le mariage (réussi) electro-acoustique, … Ajoutez-y une mise en sons parfaite et vous obtenez un voyage sous hypnose à bon prix !

Yves Tassin