Sarah Murcia, Never Mind The Future

Sarah Murcia, Never Mind The Future

teaser NEVER MIND THE FUTURE 4’20 from Sarah Murcia on Vimeo.

Sarah Murcia, Never Mind The Future

AYLER RECORDS

Nous irons donc récupérer notre vinyle « Bollocks », rangé dans l’armoire sur le pallier. La pochette aux couleurs criardes rend la recherche plus aisée… Ce disque, nous l’avions acheté un jour de crise aiguë de notre adolescence, parce qu’il exprimait parfaitement notre rébellion courageuse. Nous étions trop insouciants pour en être conscients sur le moment même, mais l’Histoire de la musique populaire retiendra qu’il devait y avoir un avant et un après « Bollocks », un disque définitivement culte qui changera la face du rock et dont on mesure encore mal (près de quarante ans plus tard…!) l’onde de choc qu’il aura provoquée. Souvent cité dans les classements des albums les plus influents qu’ait engendrés le rock, « Bollocks » aligne sur ses deux faces une série de manifestes politiques et d’irrévérences scandaleuses. Sont tour à tour attaqués ou évoqués : la Reine Elisabeth II (God Save the Queen), l’avortement (Bodies), l’anarchie (Anarchy in the U.K.), ces faux-culs de New York Dolls (New York), le label EMI, qui cède aux pressions et licencie le groupe avant qu’il ne connaisse la gloire (EMI)… et même leur propre manager, le redoutable stratège Malcolm McLaren (Liar). Puis nous nous poserons la question à trois pound : quels points de convergence peuvent-t-ils bien exister entre un musicien de jazz et un punk ? Les premiers ont appris la maîtrise de leurs instruments jusqu’à en repousser les limites harmoniques, tandis qu’un Sid Vicious aurait, quant à lui, été bien en peine de vous situer un « la » sur le manche de sa basse… La rage sans doute… Et puis  l’audace, aussi un peu. Chère Sarah, nous vous savons gré de nous avoir épargné l’album de reprises/adaptations version jazz des chansons de ce monument. Votre vision décalée de « Bollocks » font de « Future » un album sombre et impertinent. (presque) Tous les brûlots classiques qui fourmillaient dans « Bollocks » récupèrent ici un nouveau souffle. Nous ne nous doutions pas à quel point Pretty Vacant pouvait swinguer; nous nous souvenions pas à quel point Submission était une foutue bonne chanson (mention spéciale pour votre adaptation quasi dub de ce diamant); nous nous délectons des arrangements minimalistes (Bodies) ou déstructurés (No Feelings) que vous nous offrez irrespectueusement ! Bref, vous avez déchiffré le sens caché de la formule « Do it yourself ». Enfin, nous revient en tête cette phrase que Johnny Rotten (un surnom que Steve Jones avait donné à Lydon en hommage à sa mauvaise hygiène dentaire…) cracha, pour clôturer le tout dernier concert des Pistols, avant la séparation de cette bande de fourbes obscènes : Tout ça, c’est rien qu’une farce ridicule !

Joseph « YT » Boulier