
Sinikka Langeland : Wind And Sun
Le voyageur qui a déjà survolé les vagues de la Mer du Nord, l’impressionnant pont-tunnel Oresundsbron qui relie la Suède et le Danemark sous l’eau ; le voyageur qui a su s’élever par-dessus les Alpes scandinaves du sud qui mènent au Port norvégien de Bergen ; puis qui a poursuivi sa route en empruntant la ligne ferroviaire qui relie ce port à Oslo, vers l’Est, en passant pas Voss, une petite ville de 15.000 âmes où il s’est posé durant le Vossa Jazz qui se déroule chaque année, à la fin du mois de mars; ce voyageur sait… Il ressent la quiétude, il perçoit la beauté du pays. Au travers d’images, mais aussi de sons qui s’y harmonisent. Tout comme le décor dans lequel elle se confond, la musique de Sinikka Langeland est belle. Elle est belle à pleurer. Non pas qu’elle soit triste ou mélancolique, même si elle se conçoit de cette façon en empruntant une majorité d’accords mineurs. Assister à un concert de Sinikka Langeland à Voss vous permet de ressentir toute la valeur de cette beauté, celle qui vous arrache un sourire entre les larmes. Car la beauté rend heureux. Autour de la chanteuse et de son kantele (un instrument traditionnel plat à cordes pincées), quatre musiciens occupent la scène, avec délicatesse : Mathias Eick à la trompette, le fidèle Trygve Seim au saxophone, Mats Eilertsen à la contrebasse et Thomas Stronen à la batterie. Un groupe dont la musique enveloppe majestueusement les textes du romancier et poète norvégien Jon Fosse.
Ce huitième album conçu par Sinikka Langeland pour le label ECM est magnifique. Fallait-il le préciser ? En s’intégrant harmonieusement aux paysages que notre voyageur a contemplés au gré des kilomètres parcourus, il prolonge d’une petite heure le bonheur ressenti, sous la forme d’une piqûre de rappel indolore.