Toine The Optimist Thys

Toine The Optimist Thys

TOINE THYS TRIO The Optimist TEASER (2019 NYC) from Toine Thys on Vimeo.

Toine « The Optimist » Thys.

Toine Thys sort ce mois-ci « The Optimist » enregistré à New-York avec Sam Yahel (orgue Hammond), Hervé Samb (guitare) et Karl Jannuska (batterie). Une nouvelle étape dans la carrière du saxophoniste dont il nous parle lors d’un séjour à Edimbourg pour la promotion du jazz “bruxellois”.

 

Ça fait déjà longtemps que ton trio existe, un groupe dans une configuration peu banale : j’ai beau chercher, mais un trio orgue Hammond-sax-batterie, ça ne court pas les studios.

Ça fait dix ans que le trio existe, on aurait pu penser à un concert-anniversaire, mais on avait déjà tellement de choses en route… Concernant la formule, ça est arrivé un peu par dépit. Mon bassiste m’avait laissé tomber pour un concert important, je n’en trouvais pas d’autre. Et je ne pensais pas spécialement à l’orgue Hammond. Mais je me souviens qu’après notre premier concert avec Arno Krijger, on avait tous les trois le sourire aux lèvres et le public était heureux, c’était comme si on avait trouvé la formule magique. Et une vraie amitié musicale et humaine est née avec Arno. De plus, je jouais avec un batteur hollandais à l’époque, Jost Van Schaik, avec qui nous avons enregistré un premier disque. Ensuite, j’ai assez vite rencontré Antoine Pierre qui était encore très très jeune et qui sonnait vraiment bien dans le groupe, on a beaucoup tourné et enregistré « Grizzly ». Je joue aussi dans le groupe d’Antoine, il jouait dans un de mes groupes, on s’est séparé pour le trio, cela s’est passé très bien et j’ai engagé Karl Jannuska qui habite en France. Quant à Hervé Samb, pour le premier concert que nous avons fait, on se connaissait depuis vingt minutes et ça s’est super bien passé et depuis, il joue à peu près un concert sur deux avec le trio. 

Qu’est-ce qui a changé sur ces dix ans ?

Personnellement, j’ai beaucoup changé, mes envies sont différentes, la musique est différente. Avec Arno, la musique a fortement évolué dans le trio. Malheureusement, il a décidé d’arrêter de jouer pendant environ six mois et j’ai dû chercher un remplaçant. J’ai d’abord cherché en Europe, en demandant à des amis allemands, néérlandais ou français de me dresser une top-liste d’organistes qu’ils connaissaient. J’en ai entendu plein qui étaient magnifiques, puis je me suis dirigé vers Sam Yahel, un musicien newyorkais que j’ai beaucoup écouté, partenaire de Maceo Parker, Norah Jones, Madeleine Peyroux, Joshua Redman… Il a aussi fait quelques disques en trio qui sont très beaux.

 

 Et tu enregistres avec lui.     

Cet enregistrement a une histoire incroyable. L’enregistrement devait se faire en Belgique avec Arno, puis il a décidé d’arrêter pendant six mois pour des raisons personnelles, j’ai donc tout annulé. Lorsque j’ai contacté Sam Yahel, il ne pouvait venir en Europe car sa femme était enceinte et on a décidé d’enregistrer là-bas. Sentir l’énergie de New-York a été quelque chose d’important, le fait de partir ensemble pour enregistrer aussi, les voyages comme une tournée, aller en Afrique construisent l’histoire d’un groupe. On part donc à New-York, une tempête de neige nous empêche d’atterrir, on est dévié sur Atlanta, on passe deux jours en Caroline du Sud. Arrivé au studio, à New-York, l’orgue de Sam ne fonctionnait pas… Au retour, on a eu des problèmes avec les fichiers, donc beaucoup de choses ne marchaient pas. Le processus a été assez éprouvant, mais le résultat final est super. Du coup je me demande si parfois il y a un lien entre la douleur de l’accouchement du cédé et le résultat final ! C’est parce qu’on a dû surmonter pas mal d’obstacles qu’on a appelé l’album « The Optimist ».

Tu es toi-même un optimiste, non ?

Peut-être aussi. Je ne pense pas qu’on décide d’être optimiste. Etre musicien de jazz demande une bonne dose d’optimisme et une bonne dose d’enthousiasme et de foi dans notre passion et notre métier sinon on en ressort avec pas mal de déceptions. 

Un studio américain c’est différent d’un belge ?

On a enregistré au « Vibromonk Studios », c’était un conseil de Sam Yahel qui aime travailler là. C’est un très grand studio, très inspirant, il y a plein de micros, c’est très vintage avec un vieux plancher. Il est arrivé qu’on doive recommencer une prise parce qu’on entendait les sirènes d’une ambulance, ce n’était pas un studio super hi-tech comme on trouve parfois ici, c’est plus bordélique, mais il y a une âme. L’ambiance et le jeu de Sam, c’était quelque chose. Sam est vraiment un musicien très intuitif, il vit la musique et la joue de façon très différente de ce qu’on fait. Il découvrait une partition et nous demandait de changer un petit quelque chose, de jouer un tout petit peu plus lentement ou de changer un détail qui semble dérisoire et qui change complètement le jeu pour libérer la musique. Je ne l’ai rencontré que trois jours en studio et je me réjouis de le retrouver pour neuf jours lors de la tournée, j’ai l’impression que je vais être un peu à l’école ! Il a décidé de mettre son expérience au service des autres; à New-York il est considéré comme un vrai mentor. 

Comment cela se passe-t-il avec ton label pour aller enregistrer aux Etats-Unis ?

J’ai eu une grande confiance de la part de mon label IGLOO qui m’a aidé, qui a produit l’enregistrement à New-York avec pour condition d’avoir Sam pour la tournée de sortie de l’album. Le reste de l’année, on tournera avec l’équipe européenne. 

On trouve une ambiance plus apaisée sur ce nouvel album, ainsi que pas mal d’influences africaines.

C’est certain, les deux choses sont vraies. Pour les influences africaines, entre cet album et le précédent, je suis allé vingt fois en Afrique, j’y ai travaillé avec des musiciens de là-bas. Le choix d’Hervé Samb c’est aussi pour m’orienter vers cette touche. C’est un disque qui sonne assez joyeux, positif, pas de prise de tête, c’était l’idée au départ. Le choix de Karl et de Sam, c’est aussi pour emmener la musique d’un côté plus soul, avec une belle énergie sans être complexe à outrance. 

Propos recueillis par Jean-Pierre Goffin

Concerts

Bruxelles, BOZAR, le 23 février

Liège, L’An Vert, le 24 février

Bruxelles, masterclass au Conservatoire, le 25 février

Cologne, le 26 février

Tilburg, le 27 février

Anvers, le Rataplan, le 28 février