Vincent Thékal & Fabian Fiorini Quartet : Monk’s Mood

Vincent Thékal & Fabian Fiorini Quartet : Monk’s Mood

Hypnote Records

Saxophoniste français très présent sur nos scènes, Vincent Thékal s’était fait remarquer par son trio « Origami » déjà publié sur Hypnote Records. On y avait relevé sa belle sonorité, la fougue contrôlée de ses solos et sa façon bien à lui de s’approprier un thème monkien comme « Misterioso ». On pouvait s’attendre à ce que le pianiste américain résonne de nouveau à ses oreilles pour un prochain opus. Et voici donc « Monk’s Mood », en quartet cette fois, entièrement consacré à la « Sphere ». S’il fallait un pianiste dont l’invention, le sens du décalage et de l’humour convenait à cette musique, avec Fabian Fiorini, le saxophoniste a trouvé le partenaire idéal. Faut-il encore présenter la rythmique télépathique qui réunit Nic Thys et Dré Pallemaerts ? Déjà appelée à plusieurs reprises sur la scène internationale, aux côtés du pianiste américain Bill Carrothers, mais aussi pour soutenir nos jeunes talents comme tout récemment le guitariste Julien Tassin. Le line-up est déjà alléchant et propice aux surprises et rien de tel pour créer l’inédit que d’enregistrer cette musique en public : la Jazz Station était toute désignée.

Les présentations et le décor plantés, Vincent Thékal nous plonge en toute « Evidence » dans l’univers monkien, tempo chaloupé, sonorité chaleureuse, invention rythmique et groove. « Off Minor » suit dans la même veine avant une courte pause de 2’30’’ sur un « Pannonica » apaisé.

Savourez sur « Friday the 13th » les digressions sans fin de Fabian Fiorini, décalées, spasmodiques, humoristiques, alors que le saxophoniste ressasse imperturbablement le thème. « Monk’s Mood » débute par un solo absolu de Thékal avant que le thème ne soit introduit sur un tempo très lent, lenteur exacerbée sur le solo de Fabian Fiorini. « Little Rootie Tootie », avec, encore une fois, un Fiorini très en verve et Dré Pallemaerts flottant sur le solo du sax, clôture un set qui a défilé sans qu’on s’en aperçoive, suspendu qu’on est par cette lecture de l’œuvre de Monk qui, sans s’éloigner de son esprit, sublime des thèmes mille fois entendus.

Jean-Pierre Goffin